Pour Standard & Poor’s, les banques maghrébines résistent bien aux troubles politiques

Selon l’agence Standard & Poor’s, les systèmes bancaires des pays de la rive sud de la Méditerranée restent solides et résistent assez bien aux crises politiques de la région. Ils restent toutefois exposés à une nouvelle détérioration des notes souveraines de leurs États respectifs.

Aucune banque de la région ne dispose aujourd’hui d’une ‘note d’investissement’ selon Standard & Poor’s. © Reuters

Aucune banque de la région ne dispose aujourd’hui d’une ‘note d’investissement’ selon Standard & Poor’s. © Reuters

Publié le 12 août 2014 Lecture : 3 minutes.

« Nous constatons, à la vue de nombreux indicateurs d’évalutation du risque, que [c]es banques sont restées assez solides, que ce soit en matière de rentabilité, de financement ou de qualité des actifs ».

Le ton du rapport publié aujourd’hui par l’agence de notation Standard & Poor’s sur la situation du secteur bancaire « des pays arabes de la Mediterranée » hésite entre satisfaction et prudence devant la « résistance » des banques de la région aux tumultes politiques.

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Recul

Trois ans après le début du printemps arabe, reconnaît Standard & Poor’s, les notes attribuées aux banques du Maroc, de la Jordanie, de la Tunisie, de l’Egypte et du Liban, sont en net recul par rapport à fin 2010.

Six des treize banques évaluées par S&P ont la note « B- » : la plus basse avant la catégorie des obligations « hautement spéculatives ».

L’évantail des notes qu’elles ont reçues s’est contracté. Fin 2010, ces notations allaient de « BBB- » (note d’investissement) à « B ». Elles ne recouvrent désormais que la gamme allant de « BB » à « B-« . Qui plus est, aucune banque de cette zone ne dispose désormais d’une note d’investissement et six sur treize d’entre elles ont la note « B- » (la plus basse avant la catégorie des obligations « hautement spéculatives » aux « risques substantiels »), ce qui n’était le cas pour aucune des onze évaluées par S&P en 2010.

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Détérioration des notes souveraines

Pour autant, rappelle l’agence américaine, cette chute est pour l’essentiel due à la détérioration des notations souveraines attribuées aux pays de la région et réflète la forte « concentration des obligations souveraines que ces banques conservent dans leurs bilans ».

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Toutefois, l’exposition des banques de la région à la dette des États varie fortement, selon les chiffres de S&P. Si elle représente plus de 40 % du total de bilan des banques égyptiennes, pour leurs homologues libanaises et jordaniennes, ce ratio atteint environ 25 %, contre moins de 15 % au Maroc et à peine 5 % en Tunisie. Une exposition relativement limitée donc dans ces deux derniers pays, qui renforce, selon l’agence américaine, la « résilience » de leurs systèmes bancaires.

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Le financement de l’économie s’est maintenu

S&P note par ailleurs, qu’à l’exception de l’Égypte, dans la plupart des pays de la zone, les banques ont maintenu leur activité de financement de l’économie.

La part des crédits bancaires accordés au secteur privé en pourcentage du PIB est restée stable – autour de 65 % – en Tunisie, au Maroc et en Jordanie entre 2010 et 2014. Elle a même crû de 80 % à près de 100 % au Liban, sur la même période, tandis qu’elle chutait de près de 40 % à un peu moins de 25 % en Égypte.

Plus rassurant encore, le ratio prêt/dépôt reste stable pour la plupart des pays évalués par l’agence américaine. Bien que ce rapport soit resté à un niveau élévé en Tunisie (autour de 125 %) et au Maroc (où il est passé de près de 80 % en 2010 à plus de 90 % fin 2013), aucune chute brutale des dépôts n’a été constatée dans ces deux pays, signe de la confiance que conservent les ménages et les entreprises – et du soutien actif des Banques centrales

Enfin, la part des prêts non productifs parmi ceux consentis par les banques de la région est restée stable, révèle le rapport de Standard & Poor’s, autour de : 6 % au Maroc, 16 % en Tunisie, 3 % au Liban et 7 % en Jordanie. En Égypte, elle a même chuté de 14 à 10 %, entre 2010 et fin 2013.

S&P exhorte les banques marocaines en particulier à saisir les opportunités qui s’ouvrent en Afrique subsaharienne

Prêtes à rebondir

Dans son rapport, S&P estime que « les banques des pays arabes de la région méditerranéenne continueront à souffrir de conditions d’exploitation difficiles et turbulentes en 2014-2015, parce que l’agitation politique régionale prolongée entrave l’élaboration des politiques publiques, [affecte] la confiance des entreprises et retarde la reprise économique ».

Dans le cas spécifique du Maroc, plus stable politiquement mais plus exposé à la léthargie économique de l’Europe, Standard & Poor’s exhorte les banques à « saisir les opportunités qui s’offrent en Afrique subsaharienne ».

L’agence note toutefois, avec optimisme, que les banques de la région sont en mesure de rebondir « si les risques politiques et géopolitiques s’atténuent » dans la région. Et cela « en raison du potentiel économique que contient la dynamique démographique de la zone, de la hausse du niveau d’éducation de la main-d’œuvre, de l’inclusion financière et de la sophistication des produits bancaires ».

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