Placée en liquidation judiciaire, la société de diffusion d’Africa 24 n’entend pas baisser les bras
La chaîne d’information en continue Africa 24 a été placée en liquidation judiciaire le 8 février dernier. La direction du groupe reste néanmoins optimiste quant à la poursuite de son activité et annonce un nouveau partenariat avec l’Union africaine.
Si Africa 24 traverse une zone de turbulence, l’horizon semble s’éclaircir pour la direction de sa société de diffusion Afrimedia SAS basé à Paris. Placée en redressement judiciaire de sa propre initiative devant le tribunal de commerce de Nanterre en janvier 2018, cette filiale française du groupe luxembourgeois Afrimedia, est en liquidation judiciaire depuis le 8 février dernier, a appris Jeune Afrique de source autorisée, sous couvert d’anonymat.
Le groupe a fait appel de cette décision et le verdict final est attendu pour le 17 juin prochain. Pas d’inquiétude pour autant, soutient le groupe qui présente cet épisode judiciaire comme « un pur contretemps technique ». D’ici là, une offre de reprise devrait lui permettre de poursuivre son activité.
Une offre de reprise
Ce redressement judiciaire était dû à des ardoises impayées chiffrées au total à environ 17 millions d’euros, que des annonceurs tardaient à rembourser. Au cours de son redressement judiciaire, la chaîne a pu annuler ces factures impayées grâce à son activité maintenue et rentable, affirme la direction. « Nous n’acceptons plus aucun contrat sans que celui-ci ne soit payé en amont », ajoute cette dernière, qui indique avoir basculé vers de nouveaux partenaires annonceurs : « Désormais, nous ne travaillons quasiment plus avec des annonceurs institutionnels, et privilégions le domaine corporate ».
Malgré son placement en liquidation judiciaire, la chaîne est toujours active et une offre de reprise serait sur le point d’être signée avec l’un de ses partenaires historiques dont le nom reste confidentiel. Africa 24 a gardé et gardera son positionnement de chaîne panafricaine d’information en continue, soutient la direction. L’offre de reprise décidera en revanche du maintien ou non de l’activité en France, où se trouve la plateforme technique de diffusion et de présentation des émissions. Celle-ci emploie une trentaine de personnes. Si cette offre de reprise implique la fermeture des locaux parisiens, alors l’ensemble de l’activité rejoindra les filiales de Dakar de Yaoundé, où se trouve depuis huit ans deux « agences news » d’Africa 24. C’est depuis celles-ci que sont centralisés l’ensemble des reportages tournés par la chaîne. Environ 70 personnes y travaillent actuellement.
Associée à l’Agenda 2063 de l’UA
Quel que soit l’accord trouvé « tout rentrera dans l’ordre », affirme le groupe, qui souligne qu’Africa 24 n’a connu aucune rupture de diffusion jusqu’à présent. Si cela devait se produire, la situation durera le temps du déménagement, précise la direction. Autre argument pour défendre la bonne santé du groupe, la signature le 27 mars dernier d’un protocole d’accord avec l’Union africaine (UA), second partenaire institutionnel de la chaîne.
Ce partenariat « pluriannuel », selon Afrimédia, vise à « élaborer et diffuser des contenus pour promouvoir l’image de l’Afrique ainsi que le récit de son développement », précise un communiqué de presse conjoint. Cette initiative s’inscrit notamment dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, « cadre stratégique partagé pour une croissance inclusive et un développement durable », indique le communiqué. La mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine est actuellement le principal chantier inscrit dans l’Agenda 2063 de l’UA.
Pas de réponse de l’administrateur judiciaire
Si l’administrateur judiciaire désigné pour le redressement de la chaine n’a pas répondu à nos sollicitations, la direction du groupe affiche malgré tout sa confiance en l’avenir pour consolider son projet éditorial baptisé « Believe in Africa ».
La chaîne avait été créée en 2008, avec une première diffusion en février 2009, notamment grâce au soutien financier de la Guinée équatoriale et du Cameroun, respectivement détenteurs de 16 % et 10 % de son capital. Son cofondateur et actuel PDG, Constant Nemale-Pouani, avait alors comme souhait de lancer une chaîne d’information 100 % africaine.
En 2016, la chaîne a annoncé l’ambition de lancer une déclinaison arabophone, produite à Casablanca, et une autre anglophone à Abuja, au Nigeria, mais celles-ci n’ont pas encore vu le jour.
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