Burundi : Pierre Nkurunziza débouté de sa plainte pour diffamation contre Bernard Maingain et David Gakunzi

La plainte pour diffamation déposée par Pierre Nkurunziza à l’encontre de l’avocat belge Bernard Maingain, de l’écrivain burundais David Gakunzi et de la chaîne France 3 à la suite d’un reportage sur le Burundi diffusé en 2016, a finalement été rejetée par le tribunal correctionnel de Paris le 5 avril.

Pierre Nkurunziza, président du Burundi, le 20 août 2016 à Bujumbura. © Gildas Ngingo/AP/SIPA

Pierre Nkurunziza, président du Burundi, le 20 août 2016 à Bujumbura. © Gildas Ngingo/AP/SIPA

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Publié le 5 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

Comparaissant devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris les 24 et 25 janvier derniers, l’avocat belge Bernard Maingain et l’écrivain burundais David Gakunzi étaient appelés à répondre d’une accusation de diffamation du président burundais Pierre Nkurunziza. Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions et Luc Lagun-Bouchet, journaliste et auteur du reportage sur le Burundi diffusé en janvier 2016 et à l’origine de la plainte, étaient également poursuivis dans cette affaire, la chaîne France 3 ayant diffusé le reportage.

Le tribunal correctionnel de Paris a finalement débouté le 5 avril Pierre Nkurunziza de sa demande. La justice a retenu l’exception de bonne foi concernant les propos visés, s’appuyant sur les précédentes publications notamment de la FIDH et de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Burundi, a expliqué à Jeune Afrique Me Léon Lef Forster, avocat de Bernard Maingain et David Gakunzi.

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« La cour n’a pas été dupe »

« C’est une victoire pour les victimes. La cour n’a pas été dupe. Elle a compris que le régime burundais voulait instrumentaliser la justice d’un pays où règne l’État de droit pour cautionner l’impunité au Burundi », a réagi l’écrivain burundais David Gakunzi. Avec l’avocat Bernard Maingain, il compte, depuis 2015, parmi les principales personnalités critiques envers le régime burundais. Contactées par Jeune Afrique, les autorités burundaises n’étaient pas joignables pour commenter le délibéré du tribunal.

Selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, daté du 14 avril 2017 et que Jeune Afrique a pu consulter, il leur était reproché d’avoir commis ou de s’être rendu complice du « délit de diffamation publique envers un particulier » avec un reportage diffusé le 13 janvier 2016 sur France 3 et intitulé « Le Burundi en proie à des violences extrêmes ». Ce sujet de deux minutes, qui s’appuyait sur de violentes images tournées, selon le reportage, à Karuzi, au nord de Bujumbura, montrait des violences commises contre des opposants burundais, indiquait le commentaire de France 3. La chaîne accusait ainsi le régime burundais dans son sujet de mener « une répression impitoyable contre les opposants ».

Le gouvernement burundais reproche à Bernard Maingain d’avoir transmis cette vidéo à France 3, d’autant qu’une analyse approfondie des images avait permis d’établir qu’elles n’avaient pas été tournées au Burundi. Assumant « des imprécisions liées au traitement urgent de l’information », l’avocat belge a néanmoins servi dans le cadre de la formation d’Imbonerakure, ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

David Gakunzi se voyait pour sa part reprocher ses propos tenus dans le reportage : « Chaque jour dans tout le pays, on enlève des jeunes, on les torture, on les tue, on les mutile. Cela est fait par des miliciens, des membres du CNR, service national de renseignement, et la garde présidentielle » qui, selon l’ordonnance de renvoi, porte « atteinte à l’honneur ou à la considération de Pierre Nkurunziza ».

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