Cameroun : au moins deux morts lors d’un « lockdown » imposé par les sécessionnistes

Au moins deux personnes ont perdu la vie à Buea lors d’échanges de tirs entre les forces de défense et les milices sécessionnistes. Ces derniers cherchaient à imposer dix jours de « villes mortes » en zone anglophone, dans le but de boycotter un important festival culturel à Limbe.

Un poste de contrôle sur la route Douala – Buea, à quelques kilomètres de la ville, durant l’opération « ville morte » fin juillet 2018. © Franck Foute pour JA

Un poste de contrôle sur la route Douala – Buea, à quelques kilomètres de la ville, durant l’opération « ville morte » fin juillet 2018. © Franck Foute pour JA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 8 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

Les populations des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont observé une nouvelle journée de ville morte ce lundi. Aucune âme ne circulait dans les rues de Buea et Bamenda, où les populations demeurent cloîtrées depuis le vendredi 5 avril, date du lancement d’un « lockdown » de 10 jours. « La ville semble calme, mais on ne peut pas se permettre de sortir car cela peut dégénérer à tout moment », a rapporté un habitant de Buea, joint par Jeune Afrique.

Un calme qui contrastait pourtant avec l’agitation enregistrée dans le week-end, au cours duquel des affrontements se sont produits entre des éléments des forces de défense et des milices sécessionnistes. Des échanges de tirs ont ainsi notamment été entendus dans plusieurs quartiers de la ville de Buea, où au moins deux victimes civiles ont été recensées.

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Samedi matin, une femme a succombé à des tirs qu’elle avait reçus quelques minutes plus tôt, alors qu’elle se rendait dans une paroisse. Le lendemain, un vigile a été conduit à la Solidarity Clinic, après avoir reçu une balle dans l’abdomen. Des tirs ont également été entendus à Mile 2 à Limbe, où un important dispositif sécuritaire a été déployé après qu’une rumeur annonçait la présence de combattants sécessionnistes.

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Menaces avortées sur le Festac

Les violences survenues ce week-end faisaient suite aux dix jours de « lockdown » décrétés par les activistes sécessionnistes, dans l’optique de boycotter la tenue du Festac, le festival culturel de Limbe. « On ne peut pas fêter quand on est en guerre », pouvait-on lire dans les messages partagés sur le réseau social WhatsApp.

Samedi, pourtant, plusieurs milliers de personnes avaient pris d’assaut les rues de Limbe afin de célébrer la diversité culturelle des peuples du Sud-Ouest. Une marche sportive a permis aux populations de parader dans la ville, et les activités se sont déroulées sans heurt au stade municipal de la ville, lieux des célébrations.

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La tenue de ce festival qui se poursuivra jusqu’au 13 avril prochain provoque dès lors des oppositions au sein du mouvement sécessionniste. « J’ai toujours dit que ce lockdown était inopportun, a ainsi affirmé sur son compte Facebook l’activiste Mark Bareta, l’un des principaux propagandistes des séparatistes armés. Nous savions que le Festac allait se tenir par tous les moyens, et avec ce lockdown, cela ressemble davantage à un défi lancé à l’Ambazonie. Alors que sans ça, le Festac serait passé inaperçu ».

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À Yaoundé, les autorités estiment que la situation est « en phase de reprise en main progressive par les forces nationales de défense et de sécurité ». Seul point d’achoppement, la question du dialogue dont la mise en place tarde toujours à prendre forme. « Il est inconséquent et malsain de vouloir mettre sur un même pied d’égalité ceux qui incarnent la puissance publique et les hors la loi », a affirmé le porte-parole du gouvernement René Emmanuel Sadi, au cours d’une conférence de presse donnée le 2 avril dernier.

Début février, un précédant « lockdown » contesté avait tourné à l’affrontement en zone anglophone. L’objectif alors visé était de boycotter la célébration de la fête nationale de la jeunesse.

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