Les Don Quichotte de la démocratie
Sursaut de l’opposition ou coup d’épée dans l’eau ?
Publié le 24 septembre 2007 Lecture : 1 minute.
Trois figures de l’opposition ont, le 14 septembre, rendu publique une déclaration commune en faveur de la démocratisation du régime. Il s’agit d’Abdelhamid Mehri, ex-secrétaire général du FLN (au temps du parti unique), d’Hocine Aït Ahmed, dirigeant historique du mouvement national et chef du Front des forces socialistes (FFS), et de Mouloud Hamrouche, un ancien chef du gouvernement (1989-1990). Ces deux derniers furent les rivaux malheureux d’Abdelaziz Bouteflika lors de la présidentielle de mai 1999, qu’ils boycottèrent à la veille du premier tour pour dénoncer des « résultats connus d’avance ». En 2003, ce même trio avait déjà cosigné une déclaration commune appelant à l’alternance.
L’histoire politique de l’Algérie indépendante est jalonnée d’initiatives de ce genre. Dans les années 1960, l’islamiste Cheikh Kheireddine et le révolutionnaire socialiste Mohamed Boudiaf y eurent recours, imités, une décennie plus tard, par Ferhat Abbas et Ahmed Benkhedda, deux figures du mouvement national. Au début des années 1980, à Paris, Ahmed Ben Bella, le chef de l’État renversé en juin 1965, et Hocine Aït Ahmed (déjà), oublièrent un instant leurs vieilles dissensions pour appeler à l’ouverture politique.
Pendant l’insurrection islamiste des années 1990, le rythme s’accéléra. L’initiative la plus spectaculaire fut, en février 1995, la conclusion du « Contrat de Rome » (Mehri et Aït Ahmed figuraient parmi les signataires), dont l’ambition était de favoriser la réconciliation nationale par le biais de la réhabilitation du Front islamique du salut (FIS), dissous trois ans auparavant.
L’initiative du 14 septembre ayant suscité peu de réactions dans la classe politique – et pas du tout de la part du pouvoir -, il est probable qu’elle ne sera, comme les précédentes, qu’un coup d’épée dans l’eau. D’autant qu’à l’exception d’Aït Ahmed, ses instigateurs, modernes Don Quichotte, ne disposent que de très maigres troupes.
