La bactérie « pylori » au pinacle
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Helicobacter pylori, l’ennemie la plus redoutée de nos estomacs, pourrait être, parfois, un facteur de protection inattendu. Cette révélation fait suite à une enquête épidémiologique effectuée auprès de trois mille élèves de Leipzig (Allemagne) entre 1998 et 2000, dont les conclusions seront rendues publiques à la fin de 2007. Par une simple analyse de l’air expiré par ces enfants, explique le Journal of Epidemiology and Community Health, le professeur Olf Herbarth a démontré que, dans un tiers des cas, une colonisation du tube digestif par la bactérie en question pouvait réduire l’apparition d’eczéma chez certains enfants non allergiques.
C’est bien le seul aspect positif d’Helicobacter pylori, dont on sait par ailleurs qu’elle est la première du genre impliquée dans la survenue d’un cancer, celui de l’estomac, deuxième cause de mortalité par cancer dans le monde, et première dans les pays en développement. On pensait à tort, jusqu’en 1982, que les bactéries ne pouvaient pas se multiplier dans l’estomac en raison de l’extrême acidité des sucs gastriques qu’il sécrète. Mais à cette date, deux médecins australiens, Barry Marshall et Robin Warren, ont révélé le rôle important de la bactérie Helicobacter pylori dans le développement des ulcères de l’estomac. Leur découverte très décriée obtint quelque temps plus tard le prix Nobel de médecine. La révélation était capitale car, depuis, la maladie ulcéreuse est soignée comme une maladie infectieuse. Dépistée à temps, elle évite le cancer. Le mal se contracte d’homme à homme et tout se joue dans l’enfance : si un individu n’est pas contaminé avant l’âge de dix ans, le risque est très faible qu’il le soit plus tard. Mais les personnes contaminées ne font pas toutes des ulcères. Rien ne permet pour l’instant d’incriminer l’environnement (en particulier l’eau) comme source de contamination.
De nombreux travaux sont en cours dans le monde. Dès 1989, l’équipe du docteur Agnès Labigne, de l’Institut Pasteur de Paris, a découvert l’un des facteurs qui permet à la bactérie de se protéger contre l’acidité gastrique, l’uréase, une enzyme qui génère de l’ammoniac. Depuis 1995, des industriels suivent cette voie pour mettre au point de nouvelles thérapies. À ne pas oublier : les descendants directs (fille ou fils) de malades atteints d’un cancer de l’estomac causé par Helicobacter pylori, devraient, par prudence, se soumettre à un test de dépistage.
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