Kouchner s’en va-t-en guerre

Rafaâ Ben Achour, ancien secrétaire d’État tunisien à l’Éducation, est professeur à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis.

Publié le 24 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

George Bush avait en Tony Blair non seulement un supporteur dévoué mais surtout un porte-parole spécialisé dans l’art de devancer ses projets. Le vide laissé par Tony Blair a vite été comblé par le French doctor, Bernard Kouchner. Cet ancien administrateur des Nations unies au Kosovo a décidé de se mettre en avant sur tous les dossiers, notamment libanais, irakien et iranien, qui préoccupent l’administration américaine.
L’ex-ministre socialiste et actuel ministre des Affaires étrangères du président Sarkozy avait été, en 2003 déjà, l’un des rares hommes politiques français à soutenir la guerre contre l’Irak. Il s’est distingué ces derniers mois par des déclarations plus à droite que celles des responsables américains. Ainsi, lors d’un passage à Bagdad, s’est-il fait plus royaliste que le roi (américain) en appelant à la démission du Premier ministre Nouri al-Maliki, avant de se confondre en excuses pour cet élan passionnel.
Plus récemment, le 16 septembre, il a estimé, à propos du dossier nucléaire iranien et de la perspective d’une aggravation des sanctions économiques décrétées par le Conseil de sécurité de l’ONU, que le monde devait « se préparer au pire », c’est-à-dire à la possibilité d’une « guerre » contre l’Iran.
Critiquée et contredite aussi bien par le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, que par le directeur général de l’AIEA, Mohamed el-Baradei, ou encore par les ministres des Affaires étrangères allemand et autrichien, cette déclaration fournit une preuve supplémentaire de la rupture avec la politique d’indépendance de la politique étrangère française par rapport à la politique étrangère américaine. Nicolas Sarkozy avait déjà laissé entendre, le 27 août dernier, que la crise autour du nucléaire iranien était « sans doute la plus grave qui [pesait] aujourd’hui sur l’ordre international ». La déclaration de Kouchner ne fait que confirmer l’alignement pur et simple de la France sur les thèses américaines. Ce genre de déclarations va-t-en guerre ne font que jeter de l’huile sur le feu, attiser les positions iraniennes, menacer la paix et la sécurité internationales et fournir – hélas ! – de bons arguments aux extrémistes de tous bords.

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