Envoûtante Buika

Cette artiste d’origine équato-guinéenne a découvert le flamenco au contact des Gitans. En Espagne, elle fait un tabac.

Publié le 24 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Elle a la voz afillá, la voix rugueuse et rauque qui sied si bien au flamenco. De celles qui vous donnent la chair de poule. La sensuelle Buika prend le cante à bras-le-corps. Et lui donne un nouveau souffle : le flamenco de cette auteure-compositrice autodidacte est mâtiné de jazz, de soul, de funk, de tango, de boléro Un mélange heureux qui se retrouve sur son deuxième opus, Mi niña lola, sorti en Espagne en 2006. Pour ce disque, la protégée de Paco de Lucia a su s’entourer. C’est Javier Limón (patron du label Casa Limón, défricheur de nouvelles expériences musicales autour du flamenco) qui produit, et on y entend Niño Joseles, l’un des plus talentueux joueurs de guitare flamenca de sa génération, Ramón Porrina, maître du cajón (percussion), sans oublier le fameux trompettiste Jerry Gonzales.
Les critiques espagnols ont salué la sortie du disque, inventant même une nouvelle expression, taillée sur mesure : « l’afro-flamenco » L’album a fait un tabac dans le pays, raflant deux Grammy et un Disque d’or. La chanson qui lui donne son titre est un hommage à la grand-mère de Buika.
La jeune femme de 35 ans est née à Palma de Majorque de parents équato-guinéens, exilés politiques. « La seule famille noire de l’île » vit dans un quartier « misérable » de Palma. C’est là que Buika découvre le flamenco, au contact de la communauté gitane. Son enfance a été très dure mais divertissante, résume-t-elle, bercée par la musique gitane, les mélopées africaines et les disques de Piaf écoutés par sa mère.
Buika arrête l’école très tôt. À 15 ans, elle clape des mains dans les rues de Palma avec les Gitans ; à 16, elle part à Londres sans un sou. C’est là qu’elle décide de devenir chanteuse. De retour en Espagne, elle commence à se produire avec des groupes locaux et adapte les chansons africaines de son enfance au flamenco. En 2005, elle sort un premier album qui porte son nom. « Pour moi, la qualité de la musique ne dépend pas de la voix, mais de l’histoire qu’elle véhicule, dit-elle. Toutes les voix sont belles si elles disent des sentiments. »
Buika est aussi atypique que le style musical dans lequel elle se love. Avec son piercing sur le sourcil, elle n’a pas la langue dans sa poche, défend la vente de cannabis et assume sa bisexualité. « Être artiste, pour moi, ce n’est pas peindre, chanter ou danser, c’est faire de sa vie un art. Je vis à droite, à gauche, en improvisant. Le futur me paraît être une grande farce, je suis condamnée à vivre au présent ! »

Buika sera en concert le 29 septembre à la Maison des arts de Créteil et le 2 octobre au New Morning, à Paris.

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