Boureima Badini

Représentant spécial du président burkinabè Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire

Publié le 24 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Sa traversée du désert n’aura duré que trois petits mois. Non reconduit dans le gouvernement formé par le nouveau Premier ministre burkinabè Tertius Zongo au mois de juin, l’ancien garde des Sceaux Boureima Badini a été nommé, le 4 septembre, représentant spécial en Côte d’Ivoire du président Blaise Compaoré, parrain de l’accord interivoirien de Ouagadougou signé le 4 mars dernier. Basé à Abidjan, il a reçu pour mission de veiller à la bonne marche du processus de réconciliation du pays qui entre dans une nouvelle phase, le 25 septembre, avec le lancement des audiences foraines pour l’identification des populations, préalable au renouvellement des listes électorales en vue de la présidentielle.

Une véritable promotion pour Badini, considéré davantage comme un technocrate que comme un homme de terrain. « Il s’agit avant tout d’un dossier technique, qui nécessite de solides compétences en droit. Plutôt qu’un diplomate, le chef de l’État a préféré désigner un juriste professionnel qui possède une grande qualité d’écoute et l’expérience de la résolution des conflits, justifie Filippe Sawadogo, ministre de la Communication, de la Culture et porte-parole du gouvernement. En tant que premier vice-président de la Commission nationale des élections (l’ancêtre de la Ceni), Badini a été, en 1991-1992, l’une des chevilles ouvrières du processus électoral burkinabè. Nommé ensuite directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), il a été confronté aux logiques de conciliations et de pourparlers. »
Homme de dossier, Badini a fait l’essentiel de sa carrière professionnelle dans la magistrature. Natif de Ouahigouya, dans le nord-ouest du pays, c’est au tribunal de Bobo-Dioulasso qu’il débute, en 1983, comme juge d’instruction. L’année suivante, il devient procureur général, avant d’occuper les postes d’avocat général puis de président de chambre à la cour d’appel de Ouagadougou. Fidèle de Blaise Compaoré – et plus encore de son frère cadet François -, son heure de gloire arrive en octobre 1999, lorsqu’il devient ministre de la Justice. Directeur de la législation de la documentation et de la reprographie de ce département dans les premières heures de la période de « rectification » qui a suivi l’accession au pouvoir de Compaoré en octobre 1987, le jeune promu connaît bien les locaux où il emménage. Mais la mission qu’on lui confie cette fois est d’une tout autre nature.

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À seulement 45 ans, il se retrouve propulsé à la tête d’un ministère où se sont succédé, en à peine un an, Yarga Larba et Paul Kiemdé. Badini, lui, conserve le portefeuille pendant sept ans. Période durant laquelle il se distingue par sa capacité à remettre de l’ordre dans la « case » justice de la « maison » Burkina. Il assure notamment la gestion de deux affaires qui font descendre le peuple dans la rue : l’assassinat du chauffeur de François Compaoré et celui du journaliste Norbert Zongo en 1997 et 1998, dans lesquels le pouvoir est soupçonné d’avoir trempé. « Dans ses fonctions, Badini a été très habile. Il a su faire baisser la température sociale et redorer le blason du régime sur la scène internationale tout en évitant que certains dossiers ne soient déballés », confie un journaliste ouagalais.
Alors Abidjan, récompense pour services rendus ou rampe de lancement en vue d’une reconversion ? s’interrogent certains. Outre son diplôme de droit privé à l’Université du Bénin, à Lomé, Badini s’est spécialisé dans l’humanitaire au cours de sa formation, à l’Institut international des droits de l’homme de Strasbourg d’abord, puis à l’Institut international du droit du développement à Rome, et au centre des droits de l’homme de Genève. Récemment, il se serait également rendu à la communauté de Sant’Egidio, à Rome, impliquée de longue date dans la recheche d’une solution de sortie de crise en Côte d’Ivoire, au point d’avoir été invitée à participer aux négociations qui ont abouti à la signature de l’accord de Ouaga. À 52 ans, la vie politique ne fait, bien souvent, que commencer

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