Algérie : des magistrats refusent de superviser la présidentielle
Des magistrats, maillon important de l’organisation des scrutins en Algérie, ont annoncé samedi à Alger qu’ils allaient boycotter la supervision de l’élection présidentielle du 4 juillet, en soutien au mouvement de contestation.
Plus d’une centaine de magistrats ont manifesté devant le ministère de la Justice à Alger samedi. Ils ont ainsi répondu à l’appel du Club des magistrats, une organisation en cours de constitution qui se présente comme l’organe regroupant la majorité des juges en rupture de ban avec le Syndicat national des magistrats (SNM), proche du pouvoir.
« Le Club des magistrats a décidé de boycotter l’opération de supervision de l’élection présidentielle », a déclaré Saad Eddine Merzoug, juge d’instruction à la Cour d’El Oued (nord-est)
Quelques jours plus tôt, le 9 avril, le président par intérim Abdelkader Bensalah a signé un décret fixant au 4 juillet l’organisation d’un scrutin présidentiel, pour trouver un successeur à Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier démissionné à l’issue de plusieurs semaines de manifestations monstres.
Les contestataires sont néanmoins redescendus dans la rue en nombre vendredi, estimant que les dirigeants actuels, issus du « système » Bouteflika, ne peuvent garantir un scrutin libre et équitable.
Rôle important dans l’organisation des scrutins
Les magistrats jouent un rôle majeur dans l’organisation des scrutins en Algérie, car ils sont notamment chargés de superviser le fichier électoral, point de discorde récurrent entre l’opposition et le pouvoir.
Une révision exceptionnelle des listes électorales est prévue du 16 au 24 avril, dans la perspective du scrutin du 4 juillet.
Le Club des magistrats compte des représentants dans toutes les cours de justice et tous les tribunaux du pays, selon Saad Eddine Merzoug, qui n’a pas donné de chiffre exact.
Les manifestants ont proclamé leur attachement à l’ »indépendance de la justice », malmenée depuis des années, selon eux, par un pouvoir dont la rue réclame le départ depuis le début des manifestations contre le régime le 22 février.
« Chaque vendredi, le peuple réitère son rejet des propositions du pouvoir. Ces manifestations sont un référendum en faveur d’une transition pilotée par des personnalités consensuelles », a estimé Nourredine Benissad, un des ténors du barreau d’Alger et défenseur des droits de l’Homme.
« Il n’est pas aisé d’être magistrat en Algérie et de boycotter la supervision des élections », a souligné de son côté l’avocat et militant Mustapha Bouchachi. « Par le passé, le pouvoir a utilisé les magistrats comme alibi pour imposer ses candidats par la fraude électorale ».
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