Un ingénieur aux commandes

Le nouveau patron de l’Agence du Nord, chargée de financer les grands projets, a fait toute sa carrière en entreprise, dans le privé.

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Plus de 400 projets, 6 milliards de dirhams (550 millions d’euros) mobilisés pour les mener à bien, tel est le bilan des dix premières années d’exercice de l’Agence pour le développement et la promotion économique et sociale des provinces et préfectures du nord du royaume (APDN). Infrastructures et aménagement de sites industriels, agriculture et forêts, éducation et santé l’APDN sert de levier de développement, mobilise les bailleurs de fonds nationaux et internationaux pour couvrir la différence, et finance les projets retenus à hauteur du tiers, en moyenne. L’Agence a contribué au financement de la rocade méditerranéenne reliant Tanger à Saïdia (550 kilomètres), des routes et des pistes rurales (1 625 kilomètres au total), de l’électrification de 560 villages regroupant 69 000 familles, ou encore du réseau d’eau potable desservant 240 villages et 166 000 habitants. Elle a également participé aux études du port de Tanger-Med et à celles de la station balnéaire Lixus, dans la province de Larache. D’une superficie globale de 462 hectares, cet aménagement comprend un hôtel de 330 lits, 245 villas et deux parcours de golf. Il doit servir de modèle pour être reproduit dans d’autres régions du Maroc, comme à Essaouira et Agadir.
Placée sous tutelle du Premier ministre, l’APDN assure le lien entre le gouvernement, les autorités et les élus locaux, les ONG et les opérateurs privés, avec pour objectif d’accélérer la création d’emplois, de faciliter l’accès des populations aux infrastructures de base et de renforcer l’intégration des provinces du Nord au territoire marocain. Signe que l’expérience a porté ses fruits, l’APDN a inspiré la création de deux autres agences régionales, l’Agence du Sud et l’Agence de l’Oriental. En dix ans, l’APDN a connu trois directeurs généraux : Hassan el-Amrani, le wali de Rabat, Driss Benhima, ancien ministre et président-directeur général de Royal Air Maroc, et Fouad Brini, entrepreneur dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Sa nomination en février 2006 a été une surprise, même si son parcours le prédestinait à une fonction d’envergure. Rifain, berbérophone et hispanophone, natif de Tétouan et marié à une Tangéroise, Fouad Brini, 44 ans, a initié en 1994 l’association Mountada Chamal destinée à rassembler les élites originaires du Nord pour contribuer au développement de la région. Très actif au sein de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le patronat marocain, membre fondateur de l’association Le Maroc compétitif (1996) et membre du Conseil national de suivi des technologies de l’information (1997), Fouad Brini est élu président de l’Association professionnelle des technologies de l’information (Apebi) en 1998. Ingénieur en microélectronique et diplômé en management, il a fait ses premières armes chez IBM France avant de rentrer au Maroc. Recruté par Bull, il a conduit plusieurs projets de développement de systèmes d’information, notamment pour le compte de l’administration marocaine. En 1992, il crée sa première société, puis entre dans le capital d’Intelcom, groupe spécialisé dans l’intégration de solutions réseaux et télécoms. En 2001, il s’associe à l’espagnol Satec pour développer des activités en Afrique et au Moyen-Orient.
Homme de terrain, Fouad Brini entend « s’inspirer de son expérience dans le secteur privé pour faire du développement pragmatique et contribuer à la création d’emplois ». Le sens de son mandat ? « Assurer une meilleure proximité avec les populations locales. » Cette approche, il l’a mise en pratique à El-Hoceima, quelques semaines après sa nomination. Détruite par un séisme en février 2004, la ville bénéficie d’un programme d’urgence de plus de 3 milliards de dirhams, coordonné par l’Agence. Fouad Brini a fait plusieurs fois le voyage pour mieux comprendre les habitants et accélérer la reconstruction de la ville sinistrée.

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