Une Star Ac’ made in Maghreb

Une version nord-africaine de la célèbre émission débarquera sur les écrans en octobre. Avec un contenu « plus familial et exclusivement maghrébin ».

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 5 minutes.

Vous êtes âgé de 18 à 30 ans, vous avez une belle voix et l’envie de devenir la nouvelle star de la chanson nord-africaine ? Alors, vous allez pouvoir tenter votre chance avec la Star Academy 100 % maghrébine qui sera lancée à la fin du mois d’octobre en Tunisie. Cette émission de télé-réalité reprend le concept de la Star Ac’ française et de sa déclinaison libanaise, qui a fait un carton dans le monde arabe. Elle servira de tremplin à des jeunes talents marocains, algériens, tunisiens, libyens ou français originaires de ces quatre pays. Les castings, annoncés dans la presse, à la radio, sur Internet et par la distribution de flyers sur les plages ont déjà commencé à Tunis, Sousse et Sfax. Ils se poursuivront jusqu’à la fin de l’été au Maroc, à Casablanca, Fès et Tanger, puis en Algérie à Alger, Oran et Constantine. Rendez-vous est pris à la rentrée à Paris et peut-être en Libye, si les pourparlers engagés par les organisateurs se concrétisent.
C’est le groupe Karoui & Karoui World, actif depuis plus de quinze ans dans diverses branches du secteur de la communication dans les trois pays du Maghreb central, qui a racheté à Endemol les droits de production de l’émission. Si le principe de cette dernière reste le même – 14 « académiciens » habitant sous le même toit, filmés 24 heures sur 24, avec trois mois et demi devant eux pour convaincre le public de leur talent -, la société tunisienne, à qui l’on doit la récente publicité pour l’opérateur téléphonique algérien Nedjma mettant en scène Zinédine Zidane, annonce toutefois que sa version se différenciera de ses grandes surs française et libanaise par un contenu « plus familial et exclusivement maghrébin ».
Les stars en herbe seront installées à Tunis dans un bâtiment de 2 700 m2 appelé dar (« la maison »), où ils prendront des cours de chant, de danse et de présence scénique sous la direction de professeurs tous nord-africains. « Nous avons reçu un formidable soutien des autorités tunisiennes, explique un membre de l’équipe. Par ailleurs, nos unités de production au Maroc, en Algérie et en Libye sont sollicitées pour filmer nos castings et réaliser chaque semaine des reportages sur les familles de nos étudiants, leurs villes d’origine, etc. Là encore, nous avons reçu un accueil très favorable de la part des autorités des pays concernés. »
La société a d’ores et déjà annoncé avoir recruté 350 collaborateurs directs pour l’occasion. Chaque vendredi, un prime time de 120 minutes sera retransmis en direct : les apprentis chanteurs devront y montrer leurs progrès en chantant avec des artistes internationaux. C’est lors de cette émission phare du programme que les élèves seront départagés et éliminés. Chaque semaine, trois d’entre eux seront « nominés » pour quitter le concours, avant que le vote du public décide de leur sort. Une émission quotidienne de cinquante-deux minutes reprendra aussi, en différé, les moments forts de la journée. Outre la notoriété, le gagnant empochera un contrat pour enregistrer un premier album.
Karoui & Karoui évalue son public potentiel à 100 millions de téléspectateurs. Ces derniers pourront voter pour leurs candidats favoris par SMS (messages surtaxés envoyés depuis les mobiles). Une manne pour les organisateurs : la société affirme avoir géré, à travers sa plate-forme interactive mise en place pour la dernière Star Ac’ libanaise, un trafic de « plus de 7 millions de votes via SMS et IVR (serveur vocal interactif) ».
Lors de la saison 2005-2006, les Algériens ont ainsi sauvé par deux fois de l’élimination leur compatriote Rym Ghazali, en multipliant les votes en sa faveur. « Rym a comptabilisé 500 000 SMS uniquement en provenance d’Algérie », expliquait en février dernier à Jeune Afrique le responsable de Jeutel, une société privée spécialisée dans la promotion des émissions de télévision.
Rebaptisée Al Academia au Liban, la version arabe de la Star Ac’, lancée par la chaîne libanaise LBC (Lebanese Broadcasting Corporation), faisait participer des jeunes de Tunisie, d’Algérie, d’Arabie saoudite, de Jordanie, du Koweït, d’Égypte et du Liban. Elle a battu des records d’audience et déchaîné les passions dans le monde arabe. Les parts de marché de l’émission sur les 15-25 ans ont, en effet, flirté avec les 80 %
Pour autant, le programme ne compte pas que des fans. Dans différents pays, des voix – religieuses surtout – se sont élevées pour dénoncer les tenues vestimentaires légères des filles, les discussions frivoles entre les élèves, leurs comportements jugés indécents ou tout simplement la mixité à l’intérieur du « château ». En février dernier, sous la pression des islamistes qui trouvaient que le programme incitait à la débauche, l’émission a été retirée de la télévision nationale algérienne ENTV, deux mois après son lancement. Sans grand effet pourtant : les téléspectateurs passionnés par « la vie au château » se sont aussitôt reportés sur les chaînes satellitaires
Soucieux de ne pas faire renaître la polémique, Karoui & Karoui indique ne pas envisager « une diffusion sur les chaînes hertziennes nationales ». Avant d’enfoncer le clou : « Dans la mesure où notre émission sera suivie par des millions de téléspectateurs, il est très clair qu’il s’agira d’un programme familial, où nos valeurs et notre culture seront toujours présentes. Nos étudiants seront par ailleurs suivis par une directrice logeant sur place. Enfin, au Maghreb, nos enfants apprennent à vivre dans la mixité dès leur plus jeune âge, sans aucun problème. C’est une habitude pour nous, avec des codes et des barrières invisibles que personne ne franchit. »
Le groupe tunisien a d’ores et déjà prévu de diffuser l’émission sur une « nouvelle chaîne privée généraliste et de divertissement », captée sur les satellites Hot Bird et Nilesat. L’un de ses collaborateurs explique : « Les jeunes Maghrébins aiment la chanson moyen-orientale mais ont aussi envie d’entendre les mélodies de leurs pays. Le Maghreb est riche en genres musicaux et la Star Academy Maghreb 1 sera l’occasion de les offrir au public. Quant aux autres téléspectateurs arabes, ils seront sûrement heureux de découvrir des mélodies qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre. La télé-réalité au Maghreb, même si elle n’en est qu’à ses débuts, a le même avenir qu’en Europe et au Moyen-Orient : des lendemains qui chantent ! »

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