Dialogue de sourds

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

D’un côté, la ministre nigériane des Affaires étrangères, Ngozi Okonjo-Iweala. De l’autre, la représentante adjointe des États-Unis pour le commerce extérieur, Florizelle Liser. Le lieu, un congrès qui s’est tenu à Abuja, du 17 au 20 juillet, sur les investissements en Afrique. « Aujourd’hui, les possibilités commerciales abondent sur le continent, parce que les choses sont en train de changer », affirme la nouvelle diplomate du Nigeria qui fut auparavant vice-présidente de la Banque mondiale. « Du Sénégal au Kenya, de l’Égypte à l’Afrique du Sud, vous pouvez observer les succès du développement du secteur privé dans un contexte de renaissance africaine », ajoute-t-elle avant d’énumérer quelques chiffres pour étayer sa démonstration. Depuis 2003, la croissance moyenne du Produit intérieur brut (PIB) est de 5,2 % contre 2,6 % de 1998 à 2000. Quant au taux d’inflation, il s’est stabilisé en dessous de 10 % alors qu’il dépassait les 25 % durant les années 1990.
Ces résultats sont insuffisants, a répliqué la fonctionnaire américaine, qui a plaidé pour une nette amélioration de l’environnement des affaires sur le continent et un renforcement des positions africaines dans les échanges internationaux. Selon Washington, le coût élevé de l’énergie, l’insuffisance des réseaux routiers et ferroviaires ainsi que l’inefficacité des ports sont les principaux handicaps de l’Afrique qui pèse moins de 2 % du commerce mondial. « C’est tout, et encore, cela comprend le pétrole. Si l’Afrique pouvait augmenter de 1 % sa part de marché, elle encaisserait 70 milliards de dollars de revenus supplémentaires, soit près de trois fois plus que ce qu’elle reçoit en aide », a ajouté Florizelle Liser.
La mondialisation libérale est une chance, affirme à l’envi l’administration Bush. Oubliant, pour l’occasion, les généreuses subventions versées à ses agriculteurs, l’Amérique préfère vanter les mérites de la loi Agoa qui accorde aux Africains, depuis 2000, un accès privilégié à son marché intérieur. De fait, les produits en provenance du continent représentent 2,3 % de ses importations, contre à peine 1 % il y a 7 ans. Mais là encore, les hydrocarbures constituent 80 % de ces échanges, qui s’élèvent à 50,3 milliards de dollars. Donner des leçons est une chose, la réalité du business en est une autre.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires