Hydrocarbures : en rachetant Anadarko, Chevron espère poser un pied en Algérie
Le numéro deux américain du pétrole et du gaz, Chevron, vient d’annoncer une offre de rachat adressée à son compatriote Anadarko. Le groupe renforcerait ainsi sa présence sur le continent africain, notamment en Algérie et au Mozambique.
Chevron, le géant américain du pétrole, pose un premier pied en Algérie et renforce sa présence en Afrique. La major pétrolière a annoncé vendredi 12 avril avoir racheter sa compatriote Anadarko pour un montant de 33 milliards de dollars (29 milliards d’euros). Cette dernière est l’un des principaux partenaires de la Sonatrach en Algérie, où elle exploite les blocs 404 et 208 sur le champ Hassi Berkine, avec un contrat arrivant à échéance en 2023, ainsi que l’un des plus grand gisement national, El Merk à Illizi.
260 000 barils extraits chaque jour en Algérie
Par la même occasion, Chevron va mettre la main sur des l’un des plus grands projets d’exploitation de gaz naturel liquéfié en Afrique, à l’est du Mozambique, où elle sera en concurrence direct avec le leader mondiale du pétrole, son compatriote Exxon mobil.
En mars dernier, lors du 12ème sommet algéro-américain sur l’énergie qui était organisé à Houston (Texas), Anadarko avait fait part aux dirigeants de la Sonatrach, de son souhait de reconduire l’ensemble de ses contrats d’exploitation en Algérie, ou la firme produit environ 260 000 barils de brut par jour.
Cette transaction est l’une des plus importantes dans le secteur pétrolier depuis le rachat en 2015 pour 61 milliards de dollars de BG Group par Royal Dutch Shell. Elle intervient au moment où les prix du pétrole sont en train de rebondir, après plusieurs années de forte baisse qui ont entraîné une dégringolade des bénéfices et des investissements des majors pétrolières à travers le monde.
Le mariage Chevron-Anadarko traduit le double pari du premier d’investir massivement dans le nouvel eldorado du secteur : la région du bassin permien, qui s’étend de l’ouest du Texas au sud-est du Nouveau Mexique. Cette zone abrite les principales réserves américaines et est devenue le champ le plus prolifique au monde devant le bassin saoudien Ghawar avec des extractions de 4,1 millions de barils par jour (mbj).
Chevron, qui investit abondamment dans les sites australiens de GNL de Gorgon et Wheatstone, choisit ainsi également de miser sur le gaz naturel devenu une des ressources les plus prisées par les majors au moment où la lutte contre le changement climatique a rendu les énergies fossiles indésirables. « Les géants de l’énergie reconnaissent qu’ils ont besoin d’investir plus dans le gaz de schiste et les énergies renouvelables », a commenté Jarand Rystad, fondateur du cabinet Rystad Energy à l’AFP.
« La combinaison des actifs de grande qualité d’Anadarko et de notre portefeuille renforce notre position de leader dans le Bassin permien, permet d’étendre nos capacités dans le golfe du Mexique et renforce notre activité dans le gaz naturel liquéfié », s’est réjoui Michael Wirth, le PDG de Chevron, cité dans un communiqué.
Vers une consolidation du secteur pétrolier ?
La société, dont c’est la plus grosse acquisition depuis le rachat de Texaco en 2000, va également prendre le contrôle d’un corridor dans le bassin du Delaware (Texas) riche en gaz de schiste et se renforcer dans le golfe du Mexique pour l’exploration pétrolière en eaux profondes.
« Chevron va devenir la deuxième major productrice » d’hydrocarbures au monde, avance Roy Martin chez Wood Mackenzie, devant Royal Dutch Shell et BP mais derrière ExxonMobil. Les géants publics comme Aramco ne sont pas classés.
À Wall Street, l’action Chevron perdait 5,29% à 119,27 dollars vers 15H00 GMT, tandis qu’Anadarko flambait de 32,35% à 61,95 dollars.
L’opération pourrait lancer un mouvement de consolidation dans le secteur pétrolier, font valoir les experts. ExxonMobil pourrait sortir du bois et faire une offre sur Pioneer Natural Resources, avance la banque Morgan Stanley.
Reprise de dette de 15 milliards d’euros
Chevron propose aux actionnaires d’Anadarko 16,25 dollars pour chaque titre détenu et 0,3869 action Chevron. Une telle proposition valorise l’action Anadarko à 65 dollars, ce qui représente une prime de 39% comparé au cours de clôture de jeudi 11 avril.
La société va également reprendre les 15 milliards de dollars de dette d’Anadarko, ce qui équivaut à une valeur d’entreprise totale de 50 milliards de dollars. Cette opération devrait générer quelque 2 milliards de dollars d’économies, dont 1 milliard en synergies, dès la première année suivant sa finalisation. Chevron envisage par ailleurs de céder pour 15 à 20 milliards d’actifs d’ici 2020 et 2022 afin de réduire sa dette et choyer ses actionnaires en leur versant des dividendes et en rachetant ses propres actions.
Ce mariage, qui devrait être finalisé au second semestre, doit encore être approuvé par les autorités de la concurrence, les conseils d’administration des deux entreprises et les actionnaires d’Anadarko.
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