Que veut donc Israël ?

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Au fond, l’armée d’Israël est un peu dans la même position que celle de Bush en Irak. La supériorité technologique de ces deux armées est écrasante : leurs avions lancent leurs bombes où ils veulent quand ils veulent, leurs fantassins fort bien protégés par des gilets de haute performance voient aussi bien de nuit que de jour, leurs chars sont quasiment invulnérables face à des combattants sous-équipés et peuvent écraser tous les objectifs qui leur sont assignés Encore faut-il avoir des objectifs. Comment connaître la position de tous les lieux où se préparent les attentats-suicides ? Comment empêcher le ravitaillement en explosifs d’un adversaire totalement dilué dans la population ?
Les Israéliens réussiront probablement à détruire l’essentiel des roquettes et des missiles du Hezbollah. Mais pour combien de temps ? Dès qu’ils auront le dos tourné, l’Iran recommencera à fournir des armes au Hezbollah. Alors, ont-ils les moyens de s’installer durablement au Liban ? Ce serait beaucoup trop coûteux en hommes, en armes et même en dollars. Malgré l’aide américaine, les ressources israéliennes sont limitées. Comment donc expliquer ces carnages ?

La raison la plus probable est qu’ils veulent voir des forces nombreuses de l’ONU s’installer au Sud-Liban pour neutraliser la menace du Hezbollah contre les villes du nord d’Israël. Et il faut bien reconnaître que s’ils n’avaient pas déclenché cette guerre avec son cortège de bombardements aveugles et de massacres, personne n’aurait envisagé d’envoyer des Casques bleus supplémentaires au Liban. La communauté internationale est suffisamment occupée par ailleurs, et ses fonds ne sont pas illimités. Le plus probable est qu’ils vont réussir. Les souffrances des Libanais sont intolérables. Donc on ne va pas les tolérer. Les Européens seront favorables à l’envoi de Casques bleus pour des raisons humanitaires et les Américains pour satisfaire Israël. Bien sûr, il faudra attendre quelques semaines pour que les troupes de l’ONU se mettent en place, mais leur venue est quasi certaine. Tout le monde paiera.

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Dans ce contexte, que peut-on encore raisonnablement espérer ? Une chose peut-être : que pour une fois la communauté internationale se rebiffe et négocie l’aide qu’elle s’apprête à fournir à Israël en exigeant l’évacuation de l’essentiel des territoires occupés en Cisjordanie ainsi que le dialogue, sans exclusive, avec tous les Palestiniens représentatifs, y compris avec le Hamas. Mouvement terroriste, peut-être, mais dans ce domaine l’antériorité ne revient-elle pas aux Israéliens ? N’oublions pas l’attentat de l’hôtel King David, dans lequel des douzaines de Palestiniens et de diplomates anglais ont été tués en 1946, ni Deir Yassin et le massacre de centaines d’habitants de ce village arabe en avril 1948.
Israël a le droit d’exister. Mais pas de faire n’importe quoi, en toute impunité. Appeler la communauté internationale à l’aide, pourquoi pas ? Mais il faudrait aussi que les gouvernants israéliens prennent l’habitude de respecter les recommandations de l’ONU. Tout particulièrement celles concernant l’évacuation des territoires occupés en Palestine.

* Le général Copel est ancien chef d’état-major de l’armée de l’air française.

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