Marcel Zadi Kessy

Président des conseils d’administration de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) et de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE)

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Marcel Zadi Kessy ne veut être prophète nulle part ailleurs que dans son village de Yacolidabouo, en plein pays bété dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire. L’ingénieur en travaux publics devenu à 70 ans président des conseils d’administration de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) et de la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), deux filiales du Groupe Bouygues dont il a assuré la gestion des décennies durant, en a fait sa ligne de conduite. S’il prêche partout la bonne parole, c’est pour parler de l’expérience qu’il mène dans son propre terroir : rendre les populations rurales plus indépendantes en les aidant à se prendre elles-mêmes en charge. Il est intarissable sur le sujet, comme devant Béchir Ben Yahmed, qui l’a reçu le 16 juin à l’issue de la conférence de rédaction à laquelle il a assisté.
Quoique membre – et fier de l’être – du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Zadi Kessy laisse son chapeau à la maison. Depuis son intrusion dans l’arène politique en tant que directeur de campagne du défunt général Robert Gueï à la présidentielle d’octobre 2000, il ne se mêle plus de la danse des longs couteaux qui se disputent le sort du pays. Celui, somme toute enviable, de Yacolidabouo pourrait suffire à son bonheur pour peu qu’il serve d’exemple. Les habitants n’y comptent pas sur la manne de l’État pour entretenir école, dispensaire, plantations ainsi que la station radio locale, qui émet jusqu’à 70 km à la ronde Le revenu par tête y est supérieur à la moyenne nationale. Marcel Zadi Kessy n’est pas le chef du bourg. Mais il y est né, y a grandi et, de son propre aveu, ne se sent nulle part mieux que là, sous l’apatame. Il lui en est resté cet attachement quasi atavique à la terre. Zadi Kessy est un paysan. Il en a le bon sens chevillé comme les certitudes mathématiques apprises à l’école.
Ce sont les béquilles dont il s’est servi hier dans la gestion d’entreprises modernes. Il en a fait l’exégèse dans Développement de proximité et gestion des communautés villageoises paru, en 2004, aux éditions Éburnie, et dans Culture africaine et gestion de l’entreprise moderne publié, en 1998, aux éditions Ceda. Aujourd’hui, il s’en sert dans le groupement d’intérêt économique qu’il a créé il y a dix ans pour promouvoir « un développement de proximité » : Ouyiné, « entraide », « solidarité », en langue bétée. C’est sa démarche pour sortir de « l’échec des politiques de développement rural en Afrique qui est l’échec tout court des politiques imposées du sommet de l’État-providence. »
Pour Marcel Zadi Kessy, il y a eu trop de politique depuis que la Côte d’Ivoire est devenue une colonie, en 1893. Et, surtout, depuis qu’il n’y a plus d’hommes comme Félix Houphouët-Boigny pour lancer – et s’y tenir – à l’adresse de ses compatriotes : « Jeunes gens, occupez-vous de l’économie, je m’occupe de la politique. » Plus rien de tel, par les temps qui courent, où les chicaneries politiciennes prennent le pas sur le reste. Alors que « la pauvreté n’a ni ethnie, ni parti, ni religion, ni nationalité », se désole Zadi Kessy.

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