MyAfricanStartUp : « Le défi, quand vous lancez votre entreprise, c’est d’apparaître dans le radar des investisseurs »
MyAfricanStartUp, plateforme de mise en relation entre start-up, investisseurs et médias, a publié mercredi 17 avril son palmarès 2019 des « 100 start-up africaines dans lesquelles investir ». Rencontre avec son fondateur, Christian Kamayou.
Créée en 2015 par Christian Kamayou, avec l’appui de la Banque africaine de développement, le palmarès des « 100 start-up africaines dans lesquelles investir » a pour but d’accroître la visibilité des start-up à fort potentiel auprès des investisseurs africains et internationaux. Ces 100 nouvelles jeunes pousses, issues d’une vingtaine de pays africains, sont décrites de manière succincte sur la plate-forme MyAfricanStartUp.com (activités, secteur, pays). Cette deuxième édition (la première a eu lieu en 2017) intervient peu de temps après la publication d’une étude de Partech, selon laquelle les entreprises technologiques africaines ont levé quelque 1,16 milliard de dollars (1,03 milliard d’euros) d’investissement en 2018, soit plus du double que l’année précédente.
>>> À LIRE – Investissement : les start-up africaines décollent
Christian Kamayou, ancien diplômé d’HEC, s’est confié à Jeune Afrique sur ses motivations et ses ambitions.
Jeune Afrique : Qu’est-ce qui vous a conduit à établir ce palmarès ?
Christian Kamayou : Je suis moi-même un entrepreneur camerounais installé à Paris. En 2012, j’ai créé FinanceTesEtudes.com, le premier courtier internet spécialiste des prêts bancaires pour étudiants. Dès le démarrage de l’activité – la société ne générait pas encore de chiffre d’affaires – , j’ai été sélectionné dans le palmarès des « 100 start-up où investir » du magazine Challenge. Cette exposition a donné un coup d’accélérateur aux discussions que j’avais engagées avec les investisseurs.
J’ai ensuite levé un million d’euros auprès de Xavier Niel, via son fonds Kima Ventures, de Marc Simoncini, fondateur de Meetic.fr, et de Jacques-Antoine Granjon, celui de vente-privee.com. Le défi, quand vous lancez votre entreprise, c’est d’apparaître dans leurs radars. Il ne suffit pas d’innover : votre produit ou votre service doivent être connus, ne serait-ce que pour attirer des clients.
Comment avez-vous sélectionné ces start-up ?
Au départ, nous avons sélectionné 928 start-up. Pour réduire ce nombre à 300, nous avons ciblé les entreprises les plus innovantes, du point de vue de leur technologie ou de leur service ; qui génèrent, depuis au moins deux ans, un chiffre d’affaires en croissance et inférieur à un million d’euro par an ; et dont la solution peut impacter un large marché, au-delà des frontières nationales.
Sur cette base, le jury, composé d’une dizaine de partenaires privés, institutionnels et académiques [BAD, HEC Paris, Orrick, ESCP, Air France, 35° Nord, CFAO, OIF, Okan, CNP Assurances, Investisseurs et Partenaires] en a sélectionné une sur trois.
Dans quels secteurs les start-up innovent-elles le plus en 2019 ?
Inévitablement, deux secteurs se détachent : ceux des services financiers et des services aux entreprises, B2B et B2C. On observe également un fort intérêt des entrepreneurs pour la santé et l’éducation. Ces acteurs utilisent la technologie pour résoudre des problèmes locaux. Tous cherchent à distribuer des produits et des services dans un environnement dominé par l’économie informelle, difficile d’accès, où le paiement en liquide est l’usage.
Ils apportent par exemple des solutions innovantes aux e-commerçants, que ce soit en matière de paiement ou d’adressage des colis aux universités qui n’ont pas assez de places pour absorber l’augmentation du nombre d’étudiants à travers l’e-learning, etc.
Quels sont les pays les plus propices à l’émergence de ces jeunes pousses ?
Le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les pays qui attirent le plus les investisseurs étrangers. Ces trois États couvrent près de la moitié du palmarès 2019. Il y a deux ans, les pays anglophones possédaient 85 % des entreprises lauréates. Nous avons donc décidé d’établir un palmarès 100 % francophone, qui sera publié au mois de mai prochain. Dans cette zone, le Sénégal arrive en tête, grâce à un écosystème plus structuré qu’ailleurs. Le Maghreb – Égypte, Maroc, Tunisie – représente environ 10 % des 100 sélectionnées cette année.
Le service de vidéo à la demande Afrostream, qui figurait dans votre palmarès 2017, a fermé. Parmi vos pépites, combien ont-elles connu l’échec ?
Nous avons envoyé un questionnaire aux entreprises lauréates en 2017, mais seulement 45 nous ont répondu. Dès lors, nous ne pouvons pas raisonnablement déterminer la proportion de celles qui ont cessé leurs activités. Au sein des jeunes entreprises, le taux de casse est élevé. Sur le marché français, 30 % des start-up n’existent plus cinq ans après leur création. Un chiffre que les investisseurs intègrent dans leurs placements.
Combien d’entreprises sélectionnées en 2017 ont-elles levé des fonds depuis la publication du palmarès ?
Une quinzaine d’entre elles ont réussi à lever 4,5 millions d’euros au total, soit 320 000 euros en moyenne chacune. L’une d’elles, Andela [spécialisée dans la formation et le placement de développeurs africains pour le compte de grandes entreprises], a reçu un financement de 100 millions de dollars, levés par l’ancien vice-président américain Al Gore, mais il s’agit d’un cas très particulier.
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