La télé prend des couleurs

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est fait : le 17 juillet, à 20 heures, Harry Roselmack a présenté son premier Journal télévisé sur TF1, la première chaîne (privée) de télévision française. Il est le premier Noir dans ce cas. Quelque 8,1 millions de téléspectateurs (44,8 % de parts d’audience, contre 18,2 % pour France 2) ont assisté à l’événement. Voix grave, visage fin et sérieux, le nouveau « joker » de l’inamovible Patrick Poivre d’Arvor, en vacances en Israël, a fait plutôt bonne impression.
Audrey Pulvar, elle aussi noire et d’origine martiniquaise, a beau avoir ouvert la voie en prenant les commandes du 19/20 de France 3, il y a presque deux ans, l’annonce par TF1, au mois de mars, de l’arrivée prochaine de Roselmack a suscité un certain émoi médiatique. Pourtant, la direction de la chaîne a pris soin de préciser que la promotion de l’intéressé n’était due qu’à ses qualités de journaliste et de présentateur.
De fait, en dépit de son jeune âge (33 ans), Roselmack est un professionnel confirmé. Né à Tours de parents martiniquais – son père était CRS, sa mère employée à La Poste -, il est diplômé d’histoire et de l’IUT de journalisme de sa ville natale. Son début de carrière s’apparente à un sans-faute. Après RFI, la Chaîne Météo et Radio Tropical, il intègre France Info en 2001. Quatre ans plus tard, il atterrit à Canal+, où il présente le Journal de 13 heures, puis sur iTélé, la chaîne tout info du groupe, où il est chargé de celui de 18 heures.
Les émeutes de novembre 2005 dans les banlieues révèlent aux pouvoirs publics l’échec de « l’intégration » des communautés d’origine étrangère. On prend conscience de la sous-représentation des minorités dites « visibles » à la télévision. Pour corriger cette anomalie, l’impulsion décisive est donnée par Jacques Chirac en personne. La « diversité » devient à la mode et TF1 est la première à s’engouffrer dans la brèche, tandis que France 2, sa concurrente du service public, reste désespérément « pâlichonne ».
Le Club Averroès, qui s’efforce de promouvoir la diversité dans les médias – et dont Roselmack est membre – applaudit la décision des deux mains, de même que beaucoup d’Antillais et d’Africains. Certains regrettent quand même le caractère tardif de cette nomination. Bien plus, en tout cas, que dans d’autres pays européens.
Comme Pulvar en son temps, Roselmack jure qu’il « n’aborde pas son travail avec un esprit militant ». Sans doute, mais personne ne lui en voudrait si, jusqu’au 24 août, du lundi au jeudi, il profitait de l’occasion pour mettre un peu de couleurs et de diversité dans des infos souvent bien convenues.

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