La fin et les moyens

Pour son président, l’université Abdel-Malek-Essaâdi de Tanger-Tétouan saura fournir les cadres supérieurs dont la région aura besoin

Publié le 24 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Diplômé de l’École supérieure d’électricité (Supélec, Paris), docteur d’État en physique de l’université de Paris-VI, le professeur Mustapha Bennouna a dirigé et enseigné au sein du département Génie électrique de l’École Mohammedia des ingénieurs, à Rabat, avant de diriger la Faculté des sciences et techniques et de fonder l’École nationale des sciences appliquées de Tanger. Depuis 2002, il préside l’université Abdel-Malek-Essaâdi, qui regroupe huit établissements supérieurs. Sa mission : former les futurs cadres supérieurs de la région du nord du royaume.

Jeune Afrique : Votre université est-elle apte à répondre au développement économique de la région nord ?
Pr Mustapha Bennouna : Nous avons actuellement plus de 20 000 étudiants dont plus de 15 % poursuivent des études de master ou doctorat dans nos établissements de Tanger et de Tétouan. Nous ouvrons régulièrement de nouvelles filières techniques et économiques pour coller à l’évolution des besoins économiques. Ainsi, des dizaines de nos diplômes sont accrédités ou soumis à l’accréditation au niveau licence et master professionnels. Nous travaillons, par ailleurs, à la création d’une faculté pluridisciplinaire à Larache pour accompagner le développement de cette préfecture dans les domaines du tourisme, de la pêche, des services et de l’agroalimentaire. Nous développons aussi des formations en logistique afin d’accompagner le port Tanger-Med. Le champ de l’université s’est élargi singulièrement ces dernières années. Elle doit contribuer au développement économique, adapter son enseignement au marché du travail, offrir des formations initiales et enfin répondre aux demandes d’expertise les plus diverses.

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Vos moyens financiers sont plutôt limités ?
Il faut l’avouer : les moyens manquent pour atteindre tous nos objectifs. Et ce, alors que la demande augmente. Au niveau de la région, nous avions entre 5 000 à 6 000 nouveaux bacheliers par an ces deux dernières années. Dès la rentrée prochaine, on devrait en accueillir environ 20 % en plus. À l’instar de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), nous adhérerons à une Initiative nationale pour la formation des jeunes, en appui à la réforme universitaire, pour accompagner les grands projets nationaux de développement économique tels Émergence ou le plan Azur. La plupart de nos établissements sont obligés de trouver des appuis extérieurs pour financer leurs activités. Nous y parvenons de façon convenable, puisque nos rentrées sont, suivant les années, 1,5 à 2 fois supérieures aux dotations de l’État en fonctionnement, hors salaires. Nous négocions notamment des contrats en matière de formation continue, des projets de recherche, de coopération et des contrats d’études. Dans le cadre de la coopération – notamment européenne -, nous menons des projets de recherche universitaire.

Avez-vous entamé une collaboration avec les universités asiatiques ?
Pas encore, mais nous sommes ouverts à toute collaboration avec les universités chinoises et indiennes. Pour le moment, nous coopérons essentiellement avec les établissements européens aussi bien dans le domaine des échanges d’universitaires que dans celui des partenariats scientifiques. Nous dispensons des enseignements en français, en arabe et en espagnol ainsi qu’en anglais et en allemand. C’est un avantage pour nos étudiants qui partent en Europe ou en Amérique.

L’exode des cerveaux reste un problèmeÂÂ
Beaucoup de nos étudiants partent effectivement faire des masters ou des doctorats en France, en Espagne, au Canada et aux États-Unis. Ce fut le cas de près de 50 % de nos effectifs dans les télécoms et l’informatique au début des années 2000. Le taux de retour de ces étudiants est faible, car ils trouvent généralement des emplois intéressants à l’issue de leur formation, mais l’initiative nationale pour former 10 000 ingénieurs par an à partir de 2010 devrait ralentir ce phénomène.

Qu’en est-il des débouchés au niveau régional ?
Les étudiants qui optent pour les établissements sélectifs, en sciences et techniques ou ingénierie, l’École de traduction ou l’École nationale de commerce et de gestion, n’ont aucune difficulté à s’intégrer sur le marché du travail. Les employeurs peuvent même venir les recruter sur les bancs de l’université. Pour les élèves des filières classiques (lettres, sciences économiques et droit), c’est beaucoup plus difficile vu leur grand nombre, et le chômage est une réalité. Des programmes nationaux d’insertion et de qualification existent et les besoins exprimés par les grands projets tels Tanger-Med (logistique) ou les métiers de l’offshoring devraient atténuer ces difficultés.
 

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