Mali : une motion de censure inédite contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga

Une motion de censure a été déposée mercredi soir conjointement par des députés de l’opposition et de la majorité. Une première au Mali. L’objectif affiché est de démettre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, au centre des crispations politiques depuis plusieurs semaines. Les députés doivent voter d’ici vendredi 19 avril, au plus tard.

Le Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Le Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga © Emmanuel Daou Bakary pour JA

Publié le 18 avril 2019 Lecture : 2 minutes.

Le coup de tonnerre était annoncé, mais il s’est joué en direct sur les écrans de la télévision nationale. Mercredi soir, lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale, Bakary Koniba Traoré, député de la majorité, et Amadou Maiga, de l’opposition, ont déposé de concert une motion de censure contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga.

Ils lui reprochant le manque des résultats dans la lutte contre l’insécurité dans le pays, son incapacité à faire face au front social – la grève des enseignants laissant planer le spectre d’une année blanche au Mali – ainsi que son refus de venir à l’Assemblée nationale pour s’expliquer devant les députés, malgré l’appel de plusieurs d’entre-eux.

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Une démarche commune inédite

C’est la première fois, au Mali, qu’opposition et majorité s’accordent ainsi pour déposer une motion de censure contre le Premier ministre, signe que Soumeylou Boubèye Maïga est vraiment contesté. Les textes stipulent que ce dernier a 48 heures pour venir se défendre, avant que les parlementaires ne procèdent au vote. Le texte devraient donc être soumis au vote ce vendredi 19 avril.

Cette motion a-t-elle une chance de passer ? Pour que le Premier ministre soit démis, il faut que le texte rassemble la majorité des deux tiers, soit 98 députés sur les 147 que compte l’Assemblée.

« Rien n’est exclu », reconnaît un responsable du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta. « Le RPM a 56 députés ; Un autre groupe parlementaire, membre de la majorité, en a 35. Quant à l’opposition, elle a 29 députés, et le vote est à bulletin secret », calcule ce député, avant d’insister sur le fait que « le vote est à bulletin secret », laissant entendre que les députés de la majorité pourraient bien être plus nombreux qu’attendus à voter en faveur de la motion.

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Tous les scénarios sont possibles

Car s’il ne fait que peut de doute que l’ensemble de l’opposition votera en faveur de la motion de censure, les débats font rage au sein de la majorité. Les 25 députés issus de l’Alliance pour la solidarité au Mali (ASMA), le parti du Premier ministre, devraient a priori voter contre. Mais au sein du RPM, les prochaines heures vont être riches en débats et tractations.

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Tous les scénarios sont possibles, avance-t-on au sein du RMP. « Il y a des chances que ceux qui ont déposé la motion décident de la retirer, ou que le Premier ministre démissionne avant même le vote de la motion », détaille Sambi Touré, porte-parole du RPM.

Si l’alliance entre majorité et opposition est inédite, ce n’est pas la première fois qu’une motion de censure est déposée contre un Premier ministre. En 2014, l’opposition avait ainsi déposé une motion de censure contre Moussa Mara. Ce dernier avait obtenu le vote de députés en sa faveur. mais le contexte est aujourd’hui différent.

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