[Tribune] Stop aux violences faites aux femmes

La violence à l’égard des femmes et des filles est un fléau mondial qui attire enfin l’attention de la communauté internationale. Toutefois, les réponses qui y sont apportées sont souvent inadéquates ou partielles.

Lors de la marche contres les violences faîtes aux femmes, le 17 avril à Libreville. © DR / Facebook / Fondation Sylvia Bongo Ondimba

Lors de la marche contres les violences faîtes aux femmes, le 17 avril à Libreville. © DR / Facebook / Fondation Sylvia Bongo Ondimba

sylviaok

Publié le 18 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

Au Gabon, cette problématique nous concerne plus qu’on ne le pense. D’après une enquête nationale sur les violences basées sur le genre datée de 2016 et homologuée par l’UNFPA, il ressort que le taux de violence physique sur les femmes est de 58,5%. Cette violence s’exerce principalement au sein du foyer conjugal, où 71% des cas sont dus à la consommation excessive d’alcool par les maris.

Briser le tabou

L’on mesure difficilement les dégâts provoqués par ces abus et dérives. Ils sont d’autant plus dévastateurs qu’ils sont souvent tus. Briser le tabou, renoncer au silence, c’est s’exposer au risque d’être rejetée par les siens, humiliée par la société, stigmatisée ou discriminée par les systèmes juridiques, les services sociaux ou les prestataires de santé.

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Or, combien dévastateurs sont les effets de ces violences ! Elles créent des marques indélébiles dans la vie des victimes qui voient ainsi leur avenir et leur épanouissement personnel hypothéqués par perte de repères et incapacité à se construire, à avoir une image positive de soi. Au-delà de l’individu, ces violences impactent, de manière insidieuse, les communautés et sociétés en érodant la confiance mutuelle et en fracturant les familles.

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Certes, la législation gabonaise a fait des progrès significatifs ces dernières années en adoptant des lois sur la violence domestique, la traite des êtres humains et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Notre pays a également ratifié la plupart des traités internationaux en la matière, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Toutefois on note l’existence de vides juridiques sur certaines violations des droits des femmes et des filles, de même que la persistance des discriminations dans l’arsenal juridique, notamment dans le Code du travail, le Code pénal ou encore le Code civil qui est largement muet sur les violences basées sur le genre et le viol conjugal.

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Pratiques coutumières discriminatoires

Parfois, lorsque les lois existent, elles ne sont nullement appliquées, ou faiblement. Leur mise en œuvre se heurte à la résistance de certaines pratiques coutumières discriminatoires pour les femmes et les filles au sein du foyer ou de la société, constituant ainsi une entrave à leur épanouissement.

Il est grand temps de sensibiliser sur ces problématiques et de mettre un terme à ces dérives qui minent la société tout entière. C’est le cri de cœur de milliers de femmes qui m’ont interpellée dans toutes les provinces de notre pays.

Il ne s’agit pas d’un mouvement féministe. Il ne s’agit pas de guerre des sexes

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C’est la raison de cette marche pacifique, citoyenne, pour dire qu’une société qui bafoue les droits fondamentaux de l’être humain est en déconstruction, en auto destruction. Elle est en déperdition si  la majorité de ses membres est humiliée, bafouée, maltraitée…

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Accompagnée d’acteurs de la société civile, de décideurs politiques, des représentants des associations et de confessions religieuses, j’ai décidé de marcher pour porter ce plaidoyer et protester contre toute forme de violence perpétrée contre les femmes et les jeunes filles.

Prise de conscience citoyenne

Comprenons-le bien ! Il ne s’agit pas d’un mouvement féministe. Il ne s’agit pas de guerre des sexes mais de l’expression d’une prise de conscience citoyenne des hommes et des femmes, des adultes et des jeunes, qui veulent interpeller les législateurs. Leur credo : ces violences n’ont plus leur place dans notre pays.

Il est important que les droits des femmes soient consignés par la loi, et leur application garantie. Il est tout aussi important que les survivants de violences et leurs familles bénéficient d’un accompagnement et de services appropriés.

Des militants de la société civile l’ont compris, de même que des associations qui sont déjà actives sur le terrain et travaillent sans relâche au sein de nos communautés. La Fondation Sylvia Bongo Ondimba pour la Famille les a rencontrés, écoutés pour comprendre leurs préoccupations et définir avec eux les moyens de renforcer leurs activités.

Afin d’encourager ces acteurs majeurs de la lutte contre les violences faites aux femmes, ma Fondation offre le prix dénommé « Agathe Okumba d’Okwatseghe », en hommage à une grande dame, pionnière de la lutte pour les droits des femmes dans notre pays. Les lauréats pourront ainsi bénéficier d’un accompagnement financier pour leur permettre d’agir davantage, mieux et plus vite.

Nos mères, nos sœurs, nos filles, comptent sur nous.

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