Législatives au Bénin : Thomas Boni Yayi demande d’« arrêter le processus électoral »
À dix jours des législatives auxquelles aucune liste d’opposition n’a été autorisée à participer, l’ex-chef de l’État Thomas Boni Yayi est sorti de sa réserve pour demander au président Patrice Talon de « prendre toute la mesure de la gravité de la présente situation », lui demandant d’« arrêter le processus électoral en cours ».
Législatives au Bénin sans l’opposition : les enjeux d’un scrutin inédit
Les Béninois sont appelés aux urnes, dimanche 28 avril, pour des législatives inédites dans le pays depuis l’instauration du multipartisme : aucune liste d’opposition ne participe à ce scrutin. Un « recul de la démocratie et de l’État de droit », pour l’opposition, accusée par la mouvance présidentielle de n’avoir « pas été à la hauteur des exigences des nouvelles lois ».
Dans une déclaration publique, l’ancien président Thomas Boni Yayi a invité son successeur à « prendre toute la mesure de la gravité de la présente situation » et à « arrêter le processus électoral en cours ».
Estimant que le président Patrice Talon « n’est pas dans la bonne direction », il déroule une longue litanie des conséquences possibles de la poursuite du processus électoral actuel : « S’entêter, c’est détruire notre héritage démocratique, décrédibiliser et isoler notre pays au plan international, remettre en cause la légitimité, la paix et la stabilité dans notre pays, inaugurer un cycle de violences inutiles, mettre en péril la sécurité et la stabilité dans la sous-région », a martelé l’ancien président.
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Des « lois exclusives et génératrices de conflit »
Il est revenu sur les réformes politiques, notamment la nouvelle loi électorale et la nouvelle charte des partis politiques, les qualifiant de « lois exclusives et génératrices de conflit ». Il a particulièrement mis en cause ce qu’il considère comme la « logique préméditée » du président Talon et l’a accusé de manque de sincérité dans sa « profession de foi », lors de la période de recherche de consensus.
Après avoir appelé la Cedeao, l’Union africaine, l’Union européenne, les Nation unies et toute la communauté internationale à « continuer de s’investir dans la résolution de cette crise», il a invité ses compatriotes à « user du pouvoir » que leur donne la Constitution « pour faire arrêter le processus électoral périlleux en cours ».
Il en a également appelé « au professionnalisme des forces de défense et de sécurité » pour « mettre fin aux exactions, aux persécutions, aux arrestations arbitraires, intimidations et menaces sur les populations ».
Thomas Boni Yayi, qui a dirigé le pays de 2006 à 2016, est aujourd’hui le président d’honneur du parti des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE, opposition). Il a justifié sa sortie par « un devoir patriotique et de salubrité nationale » au regard de la gouvernance actuelle et « des nuisances de tout genre qu’elle induit ». Il est également revenu sur les conflits personnels qu’il a eu, par le passé, avec son ancien ami, Patrice Talon et a « juré » avoir « définitivement et irréversiblement pardonné ».
Appel à la paix de la Conférence épiscopale
Lundi, la Conférence épiscopale du Bénin a publié un message intitulé « La paix, une fleur fragile ! ». Une exhortation aux différentes parties à « user de leurs prérogatives pour préserver à tout prix la paix et l’unité nationale par l’organisation d’élections législatives inclusives ».
Les évêques ont demandé aux Béninois de s’abstenir « de toute provocation et de toute violence physique ou verbale ». Les fidèles catholiques ont par ailleurs été invités à « intensifier la prière et le jeûne » pour « éloigner du Bénin les germes et les spectres de la division, de la haine, des règlements de compte et des intérêts égoïstes préjudiciables au bien commun et au vivre ensemble ».
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Législatives au Bénin sans l’opposition : les enjeux d’un scrutin inédit
Les Béninois sont appelés aux urnes, dimanche 28 avril, pour des législatives inédites dans le pays depuis l’instauration du multipartisme : aucune liste d’opposition ne participe à ce scrutin. Un « recul de la démocratie et de l’État de droit », pour l’opposition, accusée par la mouvance présidentielle de n’avoir « pas été à la hauteur des exigences des nouvelles lois ».
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