RDC : pour la première fois, le groupe État islamique revendique une attaque sur le territoire congolais

Le groupe État islamique a revendiqué une attaque dans l’est de la RDC, à la frontière avec l’Ouganda. Deux messages de l’agence Amaq, organe de propagande du groupe terroriste, affirment que des « combattants de l’État islamique » ont participé à l’attaque d’une caserne de Bovata, près de Beni.

Lors d’une opération menée conjointement par les FARD et la Monusco face aux rebelles ougandais des ADF, en 2014 dans la région de Beni. (photo d’illustration) © MONUSCO/Sylvain Liechti

Lors d’une opération menée conjointement par les FARD et la Monusco face aux rebelles ougandais des ADF, en 2014 dans la région de Beni. (photo d’illustration) © MONUSCO/Sylvain Liechti

Publié le 19 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

C’est par le biais d’un message publié jeudi 18 avril par Amaq, son agence de propagande, que le groupe terroriste État islamique a revendiqué pour la première fois une attaque sur le territoire congolais.

Le texte reste flou sur les circonstances et la date des faits présumés. Il affirme que « des combattants de l’EI » ont mené une opération près de Kamango, dans la région de Béni, à la frontière avec l’Ouganda.

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Le communiqué précise par ailleurs que l’attaque aurait ciblé une caserne des FARDC [Forces armées de la République du Congo] basée dans le village de Bovata. La région de Beni est depuis 2014 le théâtre d’attaques chroniques attribuées aux ADF (Allied Democratic Forces, un groupe rebelle ougandais).

« Cette attaque, revendiquée par l’État islamique, a bien eu lieu. Elle s’est déroulée le mardi 16 avril à Kanyimbe, dans la chefferie de Watalinga, près de Kamango », a confirmé à Jeune Afrique une source militaire basée dans la région, sous couvert d’anonymat.

Les autorités prudentes sur la revendication

Si Daesh évoque un bilan de trois soldats congolais tués et de cinq autres blessés, une source à la Monusco confirme la mort de deux soldats et d’un civil.

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Joint par Jeune Afrique, le capitaine Mak Hazukay, porte-parole de l’armée congolaise pour l’opération « Sokola 1 » mené contre les ADF, s’est refusé à confirmer ou infirmer la réalité de cette implication de l’organisation État islamique dans l’attaque. « Il nous faut du temps pour étudier cette revendication et évaluer sa réalité », a-t-il déclaré.

Il s’agit des déclarations d’un groupe affaibli par les actions menées par les Forces armées congolaises

Une prudence partagée par les autorités à Kinshasa. « C’est une énième attaque dans cette région, que l’on surnomme ‘le triangle de la mort’, où sévissent les ADF-Nalu, un groupe étranger. Il s’agit des déclarations d’un groupe affaibli par les actions menées par les FARDC », a déclaré à Jeune Afrique Basile Olongo, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la sécurité.

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Interrogé sur la revendication par l’EI, première dans le pays, Basile Olongo répond : « Nous sommes en train de travailler pour ne pas confondre les choses. Nous ne nous laisserons pas entraîner dans une guerre supposée de l’État contre une religion. Ce sont des groupes terroristes. »

Connexions réelles ou supposées ?

Dans un rapport de novembre 2018, le Groupe d’étude sur le Congo avait pointé les connexions réelles ou supposées entre le groupe État islamique et les ADF. Via l’analyse de vidéos de propagande publiées en 2016 et 1017 par des membres se réclamant des ADF, les experts avaient notamment établi que « le groupe tente de s’aligner sur d’autres groupes jihadistes, se nommant Madina à Tauheed Wau Mujahedeen [MTM, « La cité du monothéisme et des guerriers sacrés »], présentant un drapeau semblable à celui utilisé par Al-Shabaab, Al-Qaïda, l’État islamique en Irak et en Syrie (ISIS) et Boko Haram ».

Lors de son séjour à Washington, le président Félix Tshisekedi avait lui aussi pointé la « menace islamiste » et les risques de connexions entre les groupes armés agissant dans l’est du pays et les groupes terroristes islamistes.

« Il est facile de voir comment la défaite de Daesh en Syrie et en Irak pourrait conduire à une situation dans laquelle ces groupes vont maintenant venir en Afrique et tirer parti de la pauvreté généralisée et de la situation de chaos », avait déclaré le chef de l’État congolais, confiant ses craintes de voir une tentative d’installation d’un « califat » dans les régions de « Beni et Butembo ».

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