Cannes : l’année des réalisatrices africaines

La Franco-Sénégalaise Mati Diop, l’Algérienne Mounia Meddour ou encore la Marocaine Maryam Touzani côtoieront à Cannes Jim Jarmusch, Marco Bellochio et Pedro Almodovar lors d’un festival dont les émissaires africains seront exclusivement des femmes.

La réalisatrice sénégalaise Mati Diop. © YouTube/TV5MONDE Info

La réalisatrice sénégalaise Mati Diop. © YouTube/TV5MONDE Info

Renaud de Rochebrune

Publié le 19 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

Comme chaque année, c’est un peu moins d’un mois avant le début du festival de Cannes que son président, l’ancien patron de Canal +, Pierre Lescure, et son délégué général, Thierry Frémaux, ont dévoilé l’essentiel de la sélection officielle. Et en particulier la quasi-totalité des films qui auront la possibilité, tant recherchée, de participer à la compétition pour la Palme d’or et de ceux qui seront projetés dans le cadre de la section Un Certain regard.

Une sélection qui fait la part belle aux grands habitués de la Croisette, on le verra, mais aussi aux cinéastes femmes, qui représentent près d’un tiers du total – une première.  Le continent n’y est pas pour rien puisqu’on compte trois longs métrages africains – respectivement sénégalais, algérien et marocain – parmi les heureux sélectionnés, qui ont la particularité d’être tous trois des films de réalisatrices ; tous trois aussi, ce n’est pas banal et c’est de très bon augure pour l’avenir, des premiers longs métrages.

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Une affaire de famille

Côté compétition, c’est la Franco-Sénégalaise Mati Diop qui aura le privilège de monter, sur le tapis rouge, les célèbres marches du Palais des festivals pour représenter à elle seule le continent avec son premier long métrage de fiction,  Atlantique. Fille du musicien Wasis Diop, nièce de Djibril Diop Mambety, l’auteur du film-culte Touki Bouki , auquel elle a consacré un très beau moyen-métrage (Mille Soleils) en 2013, Mati Diop avait déjà réalisé un court métrage portant le même titre, et par là même annonciateur du « long » qu’on verra à Cannes. Lequel proposera donc, loin des clichés habituels, un récit évoquant de façon originale la tentative de migration clandestine vers l’Europe d’un jeune Sénégalais.

L’Algérienne Mounia Meddour, qui avait réalisé il y a quelques années un documentaire intitulé Cinéma algérien, un nouveau souffle, présentera Papicha à Un Certain regard. Un film dont l’héroïne se prénomme Nedjma, comme celle du célèbre roman éponyme de Kateb Yacine. Une étudiante qui, à l’époque de la guerre civile, refuse de renoncer à une vie de jeune femme moderne et émancipée, promise à une carrière de styliste dans l’univers de la mode. Une posture qui conduit cette Algérienne a priori apolitique à découvrir comment on peut être rapidement considérée comme une insurgée qui devra faire face à des épreuves plus que douloureuses.

Donner la parole aux femmes invisibles

C’est dans la même section Un Certain regard qu’on projettera Adam, premier long métrage en tant que réalisatrice de l’actrice et scénariste marocaine Maryam Touzani. Compagne du plus connu des cinéastes marocains, Nabil Ayouch, elle interprétait dans le dernier film de celui-ci, dont elle était la coscénariste, l’un des premiers rôles : celui d’une femme libre et transgressive, Salima. Mais elle est aussi déjà l’auteur de deux documentaires sur le sort des vieilles prostituées marocaines et celui des petites bonnes au service de la bourgeoisie. Des sujets en rapport avec son « besoin de donner la parole aux femmes invisibles ».  Adam, dans la même veine, racontera l’histoire d’une mère célibataire qui entend faire adopter son enfant nouveau-né afin qu’il trouve une place dans la société.

Ces trois réalisatrices seront en brillante compagnie à Cannes où, cette année, on assiste, après un cru 2018 moins flamboyant, à un retour des plus grands noms du septième art dans la sélection officielle. Parmi ceux qui tenteront d’obtenir la Palme d’or, on peut citer ainsi Pedro Almodovar, Jim Jarmush, Marco Bellochio, Xavier Dolan, Terence Malick ou le trop rare Erza Suleiman. Sans parler de ces cinéastes déjà deux fois « palmés » et qui peuvent viser un record absolu : Ken Loach et les frères Dardenne. Ou de Quentin Tarantino, qui pourrait rejoindre les sélectionnés, dit-on,  s‘il termine à temps le montage et la post-production de son dernier long métrage, toujours en cours.

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