Soudan : un chef de la contestation annonce des discussions avec les militaires
Les leaders de la contestation au Soudan vont tenir samedi des discussions avec les dirigeants militaires qui ont refusé jusque-là de transférer le pouvoir à une autorité civile, a indiqué à l’AFP un des chefs de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC).
Ces pourparlers se tiendront un jour avant l’annonce prévue par le mouvement de contestation de la formation d’un « Conseil civil chargé des affaires du pays » qui remplacerait le Conseil militaire de transition, au pouvoir depuis le renversement, le 11 avril dernier, du président Omar el-Béchir sous la pression de la rue.
« Le Conseil militaire va tenir des discussions avec l’Alliance pour la liberté et le changement ce jour à 20H00 (18H00 GMT) », a déclaré samedi à l’AFP Siddiq Youssef, un responsable de l’ALC qui regroupe plusieurs partis politiques et groupes de la société civile qui mènent la contestation.
Un membre de l’Association des professionnels soudanais (SPA), groupe en première ligne de la contestation qui secoue le Soudan depuis le 19 décembre, a confirmé la tenue de ces discussions dans les prochaines heures samedi.
« Cinq représentants de l’Alliance vont rencontrer ce jour le Conseil militaire pour discuter du transfert du pouvoir à une autorité civile » a ainsi affirmé Ahmed al-Rabia à l’AFP.
Si les dirigeants militaires refusent de remettre le pouvoir, les leaders de la contestation annonceront dimanche un « Conseil civil souverain », a-t-il expliqué.
« S’ils souhaitent négocier, l’annonce prévue pour demain pourrait être alors reportée », a ajouté M. Rabia.
« Calendrier pour le transfert du pouvoir »
« Nous réclamons (au Conseil militaire ndlr) un calendrier pour le transfert du pouvoir, afin que les choses ne traînent pas », a-t-il ajouté.
>>> À LIRE – Soudan : l’Union africaine menace le pays de suspension si le Conseil militaire reste au pouvoir
Il a en outre révélé que depuis le renversement d’Omar el-Béchir le Conseil militaire avait tenu deux séries de discussions avec les leaders de la contestation.
« Durant ces pourparlers, nous avons senti que le Conseil militaire ne souhaitait pas remettre le pouvoir », a encore dit Ahmed al-Rabia.
Vendredi, la SPA avait annoncé que « les noms des membres d’un Conseil civil chargé des affaires du pays seraient annoncés lors d’une conférence de presse dimanche à 19H00 locales (17H00 GMT) » devant le QG de l’armée, où se rassemblent des milliers de Soudanais dans le centre de la capitale Khartoum depuis deux semaines.
« Nous réclamons que ce Conseil civil, qui comprendra des représentants de l’armée, remplace le Conseil militaire », avait ainsi expliqué Ahmed al-Rabia à l’AFP. L’armée n’a pas réagi à cette annonce.
Arrivé au pouvoir par un coup d’État soutenu par les islamistes le 30 juin 1989, Omar el-Béchir a dirigé d’une main de fer un pays en proie à des rébellions dans plusieurs régions et était accusé de violations des droits humains.
Renversé le 11 avril par l’armée, il a été arrêté, est actuellement détenu dans une prison de Khartoum.
Galvanisés par les concessions obtenues avec le départ de M. Béchir et d’autres responsables militaires, les manifestants apparaissent plus déterminés que jamais et maintiennent la pression sur le Conseil militaire de transition.
Les États-Unis, qui maintiennent le Soudan sur leur liste noire des « États soutenant le terrorisme », ont salué les premières mesures prises par les militaires qui ont destitué M. Béchir, mais ont appelé à une transition répondant davantage aux voeux des Soudanais.
La responsable du département d’État chargée de l’Afrique de l’Est, Makila James, « se rendra au Soudan ce week-end », a annoncé un haut responsable américain, sans autres précisions.
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