Mali : un nouveau chef du Haut conseil islamique succède à l’imam Mahmoud Dicko
Chérif Ousmane Madani Haïdara a été élu dimanche à la tête du Haut conseil islamique du Mali (HCIM), où il succède à l’imam Mahmoud Dicko, bête noire du gouvernement qui ne se représentait pas.
« Chérif Ousmane Madani Haïdara a été élu par consensus nouveau Président du Haut conseil islamique du Mali », indique un communiqué publié à l’issue du 3e congrès ordinaire de la principale organisation islamique d’un pays à 90% musulman.
« Je veux travailler pour la paix, pour un Mali uni, pour la fraternité entre tous les musulmans du monde. Je veux que notre pays se retrouve, retrouve la paix », a déclaré M. Haïdara après son élection, alors que le Mali continue à être la cible d’attaques de groupes jihadistes malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé les isoler définitivement.
Né le 12 mai 1955, Chérif Ousmane Madani Haïdara, a créé en 1993 le mouvement religieux appelé « Ançar Dine » (sans lien avec le groupe islamiste malien Ansar Dine), qui compte des adeptes dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.
Il s’inspire du rite malékite, dominant au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, prônant un islam « tolérant » et non violent. L’imam Dicko, à la tête du HCIM depuis 2008, incarne au Mali la tendance rigoriste inspirée par la doctrine wahhabite, en vigueur en Arabie saoudite.
L’imam Dicko, après avoir entretenu pendant des années des relations en dents de scie avec le chef de l’État Ibrahim Boubacar Keïta, a mené ces derniers mois une fronde, avec notamment le chérif de la localité de Nioro, Bouyé Haïdara, contre le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui a fini par démissionner le 18 avril et dont le successeur n’a pas encore été désigné.
Chérif Ousmane Madani Haïdara s’était abstenu de participer à la manifestation géante du 10 février dans un stade de Bamako où l’imam Dicko et le chérif de Nioro avaient appelé au départ du chef du gouvernement, auquel ils reprochaient notamment une approche laxiste de l’homosexualité et d’être incapable d’enrayer les violences.
Un porte-parole du président sortant du Haut conseil, Issa Kaou Djime, a remis en cause la « légitimité » du nouveau bureau du HCIM. « On ne peut pas parler d’islam au Mali sans Mahmoud Dicko et le chérif Bouyé de Nioro », a dit M. Djime à l’AFP.
En ouverture du congrès samedi, le président Ibrahim Boubacar Keïta a remercié l’imam Dicko pour avoir « su assurer avec brio » sa fonction. « Vous restez un frère, malgré les divergences qui peuvent arriver, malgré nos fâcheries d’hommes », lui avait-il lancé.
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