Sauver les meubles
Le rêve wilsonien du président George W. Bush d’instaurer la démocratie en Irak – et au Moyen-Orient – fait place à Washington à un sombre désespoir et à un choeur de voix réclamant un retrait aussi rapide que possible. Aucun miracle ne peut désormais réparer les fautes que l’administration a commises depuis un an. Mais il existe des mesures qui pourraient permettre d’améliorer le sort des Irakiens et de rétablir une partie de l’autorité morale que l’Amérique a perdue dans le monde.
Limoger Rumsfeld
Le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld est associé à une telle série de mauvaises décisions en Irak que s’il les avait prises en tant que PDG d’une société, son conseil d’administration l’aurait congédié. Rumsfeld a écouté l’exilé irakien Ahmed Chalabi quand ce dernier lui promettait des fleurs et des vivats à Bagdad après une invasion américaine, et non pas le département d’État, qui le mettait en garde contre les risques de chaos. Rumsfeld a écouté quelques radicaux du département de la Défense qui lui promettaient le succès avec une petite force de frappe militaire, et non pas le général Eric Shinseki, qui lui disait que pas moins de 300 000 soldats seraient nécessaires pour occuper l’Irak. Le résultat ? Le pillage a déstabilisé l’Irak, Fallouja s’est révolté et des sévices abominables ont été commis sur des prisonniers par des réservistes irresponsables et mal formés.
Les sondages montrent que Rumsfeld reste populaire aux États-Unis. Et pourtant, il est clairement responsable d’une politique d’occupation qui est un fiasco. Le limogeage de Rumsfeld est une première mesure nécessaire pour rétablir la crédibilité américaine en Irak et au Moyen-Orient.
Le retour à la doctrine Powell
L’administration Bush s’est tardivement décidée à demander l’aide des Nations unies et de ses alliés européens. La stratégie bushienne de préemption unilatérale a volé en éclats. L’Amérique n’a eu ni les ressources militaires ni la légitimité internationale pour agir seule en Irak. Un retour à la doctrine Powell de la force écrasante, avec des objectifs explicites et une stratégie d’évacuation claire, serait une bonne manière de rétablir la légitimité de l’Amérique aux yeux de la communauté internationale. Une telle politique suppose le recours à une puissance militaire massive que seuls des alliés peuvent apporter. Elle réintégrerait les États-Unis dans leurs alliances et garantirait aux alliés que leur voix sera entendue.
La vague d’antiaméricanisme la plus violente de l’Histoire est peut-être en train de se dessiner. La politique de préemption unilatérale et sa lamentable mise en pratique ont, au bout du compte, compromis la sécurité des États-Unis. La décapitation barbare de Nicholas Berg rappelle que l’Amérique doit être prête à une longue guerre contre un ennemi sauvage. Elle doit retrouver le respect de ceux dont elle a besoin pour gagner cette guerre. Pour cela, elle doit changer les règles de son engagement non seulement en Irak, mais dans l’ensemble du monde. Un pays qui s’appuie sur ses liens mondiaux pour sa croissance économique, sur l’immigration pour son dynamisme et sur les capitaux étrangers pour ses finances ne peut pas fermer longtemps les yeux sur un antiaméricanisme virulent sans en subir les conséquences. Restaurer l’image de l’Amérique en Irak n’est que la première étape du rétablissement du leadership et de l’autorité morale de l’Amérique dans le monde.
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