Panamá : d’un Torrijos l’autre

Publié le 24 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Martín Torrijos a été élu le 2 mai dernier président de Panamá, ce modeste pays d’Amérique centrale. Torrijos, ce nom ne dit peut-être plus rien aux jeunes générations d’aujourd’hui. Et pourtant, il y a une trentaine d’années, le général populiste Omar Torrijos, le père de Martín, a défié avec succès les États-Unis. Alors chef de la Junte militaire, un cigare éternel aux lèvres, Omar Torrijos a invité en 1973 le Conseil de sécurité à se réunir à Panamá même et a fait toucher du doigt aux délégués la dure réalité de son pays, coupé en deux par le canal : une voie d’eau indispensable pour naviguer rapidement et sûrement entre le Pacifique et l’Atlantique, mais dont la souveraineté – avec celle d’une bande de plusieurs kilomètres de part et d’autre – avait dû être concédée aux Américains. Ceux-ci le géraient, encaissaient la majorité des bénéfices, et y entretenaient, outre de nombreux techniciens, plus de dix mille soldats chargés de mener la lutte contre la subversion en Amérique latine.
Un projet de résolution préparé par les Non-Alignés demandait simplement que Washington et Panamá entrent en négociations sur un nouveau statut du canal. Au moment du vote, il obtient treize voix, le Royaume-Uni s’abstenant et seuls les États-Unis se prononçant contre : ce fut leur premier veto solitaire. Mais la manoeuvre avait réussi : quatre années plus tard, en 1977, Torrijos signa avec le président Carter un traité qui devait permettre aux Panaméens de récupérer le 1er janvier 2000 la souveraineté sur l’intégralité de leur territoire et la gestion du canal.
En 1981, Omar Torrijos périt dans un mystérieux accident d’hélicoptère. C’est aujourd’hui à son fils Martín, 40 ans, élevé aux États-Unis, de satisfaire les aspirations d’un peuple démuni où la composante indienne est importante, de développer le pays tout en luttant contre une corruption banalisée, de maintenir enfin de bonnes relations avec les États-Unis sans tomber sous leur coupe. Il se souviendra qu’en 1989 les armées américaines – alors commandées par Colin Powell – sont venues enlever le général-président Manuel Noriega, impliqué dans d’importants trafics de drogue, et depuis lors détenu dans une prison de Miami. Jusque-là, Noriega était soutenu par Washington… et le président américain à l’époque était … George Bush père !

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