Opération séduction

Inquiètes de la dégradation de la situation de l’emploi, les autorités s’efforcent d’attirer un plus grand nombre d’investisseurs. Français, notamment.

Publié le 24 mai 2004 Lecture : 3 minutes.

Les autorités tunisiennes ne lésinent sur aucun moyen pour glaner un ou deux points de croissance supplémentaires, indispensables pour doper l’investissement et créer des emplois. L’idéal serait de passer d’un taux moyen annuel de 6 % à quelque 8 %…
Chaque année, quatre-vingt mille nouveaux demandeurs d’emploi arrivent en effet sur le marché du travail. Et le taux de chômage est beaucoup trop élevé, même s’il a un peu diminué récemment, passant de 15 % à 14,3 % de la population active entre 2002 et 2003. Le sujet n’est jamais ouvertement abordé – les Tunisiens se montrent fort prudents en la matière -, mais il hante l’esprit des responsables, qui, à la faveur de l’embellie printanière, ont pris leur bâton de pèlerin. Ils ont plaidé leur cause auprès des investisseurs allemands (du 5 au 8 mai à Nafta, dans le Sud tunisien) et français (le 14 mai, à Paris). Et ils rencontreront les Britanniques, le 7 juin, à Tunis. L’ensemble des partenaires seront conviés à Carthage, du 17 au 19 juin, à l’occasion du Forum sur les investissements.
Invités au siège de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), avenue Friedland, les Tunisiens ont fait face à un aréopage de partenaires attentifs, bien intentionnés, mais parfois critiques… Le colloque a été ouvert par Nouri Jouini, le ministre du Développement et de la Coopération internationale, soutenu par Moncer Rouissi, l’ambassadeur de Tunisie en France. « La France est notre premier client, notre premier fournisseur et notre premier bailleur de fonds. Plus de mille entreprises françaises sont implantées chez nous et près d’un million de touristes français nous rendent visite chaque année », a rappelé le ministre, jouant sur la corde sensible. Reste que pour améliorer sa compétitivité, moderniser ses entreprises, développer de nouveaux pôles de technologies et agrandir ses universités (plus de cent mille places sont à créer d’ici à 2006), la Tunisie a besoin de renforcer encore la coopération bilatérale.
Abdessalam Mansour, le directeur général de l’Agence de promotion et d’investissement extérieur (Fipa), a démontré, preuves à l’appui, les avantages d’une implantation en Tunisie. Celle-ci coûte quatre ou cinq fois moins chère qu’en France ou en Allemagne. Et entre 20 % et 50 % mois cher qu’en Asie ou en Europe de l’Est. L’étude comparative des coûts a été réalisée par plusieurs bureaux d’études européens. Elle est accessible sur le site Internet de l’agence (www.investintunisia.com).
De grands projets sont en cours. Chacun représente un investissement de 400 millions à 500 millions d’euros : une centrale électrique dans le Sud-Est, un aéroport capable d’accueillir 30 millions de passagers, dans le Centre (voir J.A.I. n° 2262), une raffinerie d’une capacité de 2 millions de tonnes de pétrole à Skhira, dans le golfe de Gabès… Au total, la Tunisie accueille désormais, selon le ministre, deux cents nouvelles entreprises étrangères par an. Les idées ne manquent ni dans les télécommunications, ni dans le secteur de l’emballage, ni dans celui des composants automobiles, comme en ont témoigné Samir Sidhom (ministère des Technologies de la communication et du Transport), Abdelfattah Ghorbal (Recherche scientifique), Ridha Ben Mosbah (Industrie et Énergie) et Habib Gaïda, le directeur général de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI).
Deux partenaires français déjà implantés dans le pays, Thierry Le Marois, PDG de la société Imtec, et Laurent Pasquet, représentant Alcatel, ont fait part de leur expérience. Ils ont volontiers reconnu l’existence d’un « paquet de points positifs » (coûts réduits, exonération d’impôt, compétence professionnelle, pratique de la langue française, etc.), mais souligné une série de « points à améliorer », notamment la lenteur de l’administration (au niveau de l’exécution) et la trop grande complexité du secteur bancaire. Selon eux, la volonté politique de résoudre ces problèmes est indéniable, mais elle tarde à se concrétiser sur le terrain.

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