Merci au Maroc

Publié le 24 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

C’est paradoxalement grâce au Maroc que l’Afrique du Sud a gagné le droit d’organiser la Coupe du monde de football en 2010. En 1986, le royaume chérifien fut le premier pays africain à atteindre le second tour de l’épreuve. Le premier, encore, au lendemain de ce tournant historique, à avoir lancé l’idée d’un Mondial africain. Le premier, enfin, à avoir postulé à l’organisation de la compétition. Sans doute sa quatrième candidature eût-elle connu un sort plus heureux si le Maghreb dans son ensemble avait fait cause commune avec lui. Si la Tunisie ne s’était pas laissé entraîner dans l’aventure sans issue d’un « ticket » avec la Libye, avant de se retirer au dernier moment, sans même attendre le vote. Si l’Égypte ne s’était bercée d’illusions, délibérément entretenues, semble-t-il, par certains responsables de la Fifa. Si l’Union du Maghreb arabe répondait véritablement à son acronyme (l’UMA évoque phonétiquement la Oumma, la communauté des croyants). Si la zizanie n’avait prévalu sur la stratégie ou, à tout le moins, la concertation.
Le dossier du Maroc était pourtant bien ficelé. Techniquement, sportivement et économiquement. Les quatre membres africains du comité exécutif de la Fifa ne s’y sont pas trompés, qui lui ont accordé majoritairement, si ce n’est en totalité, leurs suffrages. Il lui a simplement manqué l’onction politique, qui, en revanche, n’a pas fait défaut à sa rivale : le choix de l’Afrique du Sud était politiquement plus correct, ce qui ne l’empêche pas d’être un bon choix. La Fifa y a vu l’illustration de sa lutte contre le racisme dans le sport. Et l’occasion de célébrer sa propre victoire sur ce front. En 1976, elle avait exclu l’ex-pays de l’apartheid, avant de le réintégrer, en 1992, au lendemain de la libération de Nelson Mandela. Il est somme toute logique qu’elle lui confie aujourd’hui l’organisation de la plus importante et de la plus populaire de ses manifestations. Inutile de préciser que la première puissance économique du continent en a les moyens, tant en termes financiers que de savoir-faire sportif. N’a-t-elle pas accueilli (et gagné) la Coupe du monde de rugby, en 1995 ? Organisé (et gagné) la Coupe d’Afrique des nations de football, en 1996 ? Puis la Coupe du monde de cricket, en 2003, sans même parler du Sommet mondial de la terre, un an plus tôt ?
Ce n’est pas tout. Après sa défaite – d’une voix – face à l’Allemagne en juin 2000, nul n’aurait compris que la nation Arc-en-Ciel essuie un nouvel échec au moment même où elle célèbre le dixième anniversaire de sa renaissance à la liberté politique. Alors que Mandela, Frederik De Klerk et Desmond Tutu, trois Prix Nobel de la paix, mais aussi le président Thabo Mbeki, n’ont pas hésité à se rendre à Zurich pour plaider la cause de leur pays. Il n’en a rien été, malgré la pugnacité marocaine. La Fifa et son président, Joseph Blatter, qui avait bénéficié du soutien public de Mandela lors de son élection (et de sa réélection), ne l’ont pas voulu ainsi. Pour le plus grand bonheur des 45 millions de Sud-Africains.

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