Menace sur la démocratie

Publié le 24 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois depuis 1962, un président de la République nigérian décrète l’état d’urgence dans l’un des États fédérés, le Plateau. Olusegun Obasanjo s’y est résolu, le 18 mai, pour mettre un terme aux affrontements intercommunautaires qui secouent les États du Plateau (Centre) et de Kano (Nord). Il a même décidé de suspendre pendant six mois l’Assemblée territoriale du Plateau, son gouverneur, Joshua Dariye, et son adjoint, Michael Botmang, remplacés par le général à la retraite Chris Ali. Cette décision, d’une sévérité inhabituelle depuis la fin de la dictature militaire, en 1998, est destinée à empêcher toute reprise des massacres engendrés par les rivalités religieuses et ethniques. Hélas ! elle ne résout rien, bien au contraire. Si les musulmans se réjouissent de ce qu’ils considèrent comme une mesure de protection de leur communauté, les chrétiens réagissent avec colère en constatant que rien n’est fait par ailleurs pour assurer la sécurité de leurs coreligionnaires.

Dariye et Botmang sont membres du People’s Democratic Party (PDP), la formation au pouvoir, majoritaire au Parlement. La décision de les suspendre de leurs fonctions résulterait d’une négociation interne destinée à donner les coudées plus franches à Obasanjo. Le président, à qui l’on a maintes fois reproché son immobilisme en matière de sécurité intérieure, souhaite attaquer le mal à la racine et mettre un terme à l’instrumentalisation politique des divisions communautaires. Sanctionner des membres de son propre parti va servir d’exemple et lui permettre de s’attaquer plus librement aux militants de l’opposition qui s’adonnent à ce genre de pratique.
Mais cela ne suffit pas à rassurer les élites politiques et autres défenseurs de la démocratie qui s’inquiètent pour l’avenir du pays. Le Prix Nobel de littérature 1986, Wole Soyinka, a même appelé Obasanjo à démissionner afin de permettre la formation d’un gouvernement d’union nationale qui convoquerait une Conférence nationale souveraine.

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Et ce n’est pas une simple agitation. Un mouvement est en train de voir le jour, avec pour objectif de trouver les moyens de lutter contre la mauvaise gouvernance et les atteintes aux droits de l’homme. Parmi les fondateurs, le Dr Beko Ransome-Kuti, frère du chanteur et musicien disparu Fela Anikulapo Kuti, qui s’est illustré à de nombreuses reprises, au péril de sa vie et de sa liberté, dans le combat pour la démocratie.

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