Le spectre des berceaux vides

Les pays du Sud, comme ceux du Nord actuellement, enregistreront une forte baisse des naissances d’ici à la fin du siècle.

Publié le 24 mai 2004 Lecture : 2 minutes.

Les pays en développement comptent de plus en plus de tempes grisonnantes… C’est l’idée défendue par Phillip Longman, membre associé à la New American Foundation, dans son dernier ouvrage, publié en mars chez Perseus, The Empty Cradle (Le berceau vide). Selon lui, l’âge moyen des citoyens du monde continuera d’avancer inexorablement tout au long du siècle. Ce phénomène de vieillissement sera particulièrement accéléré non pas dans les pays développés, où nous sommes habitués à cette tendance, mais, étonnamment, au Moyen-Orient et dans les régions du Sud. À la fin de ce siècle, même l’Afrique subsaharienne vieillira probablement plus rapidement que l’Europe actuelle.
D’ailleurs, le processus est déjà engagé. Le Mexique avance aujourd’hui en âge cinq fois plus vite que les États-Unis, principalement en raison d’une chute dramatique des naissances. L’Iran postrévolutionnaire a, pour sa part, vu son taux de fertilité dégringoler de presque deux tiers, et aura donc plus de personnes âgées que d’enfants d’ici à 2030. En Inde, ce même indicateur a chuté d’un cinquième ces vingt dernières années. La population des principales provinces méridionales produit déjà trop peu d’enfants pour assurer le renouvellement des générations.
« Pour ceux qui craignent une bombe démographique – avec des scénarios de famine, de peste, de guerre, et de destruction de l’environnement liés à la surpopulation -, il existe des raisons d’espérer », explique l’auteur, qui remet en question un certain nombre d’idées reçues, notamment sur le doublement programmé du nombre d’êtres humains. S’appuyant sur les travaux de l’Institut pour les systèmes d’analyses appliquées de Laxenberg, en Autriche, il prévoit que la population actuelle – 6 milliards d’individus – passera à 9 milliards avant de commencer son déclin.
En fait, les familles des pays du Sud comptent de moins en moins d’enfants, particulièrement dans les zones urbaines qui sont de plus en plus développées avec l’exode rural. En ville, les parents n’ont pas besoin, comme à la campagne, de bras valides pour faire fructifier leurs activités. Mais, surtout, l’entretien des jeunes citadins est très onéreux pour les ménages. L’enfant, qui était une richesse en zone rurale, est devenu un fardeau à la ville.
Mais alors qui mettra au monde les enfants du futur ? Selon l’auteur, « ils viendront des parents en désaccord avec la société moderne… qui fait de la reproduction une lourde responsabilité économique ». Une idée qui ne fait pas beaucoup d’adeptes.
Reprenant l’exemple de la baisse de fertilité des païens dans la Rome antique alors que les chrétiens continuaient de se reproduire, Phillip Longman aime à penser que les enfants du futur seront élevés par des parents qui auront retrouvé – ou qui n’auront jamais perdu – les valeurs morales et qui accepteront de reléguer au second plan leurs loisirs pour se sacrifier à la création et à l’éducation d’une nouvelle génération.

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