Cameroun : Yaoundé appelle au dialogue après la résolution critique du Parlement européen

Les protestations se succèdent au Cameroun depuis l’adoption par le Parlement européen d’une résolution visant la situation politique et les abus des droits de l’homme dans le pays, dont l’arrestation de l’opposant Maurice Kamto. Les autorités de Yaoundé se disent néanmoins prêtes à discuter de ces sujets avec leurs partenaires européens.

Le Parlement européen, en 2017 (illustration). © Jean Francois Badias/AP/SIPA

Le Parlement européen, en 2017 (illustration). © Jean Francois Badias/AP/SIPA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 24 avril 2019 Lecture : 3 minutes.

La résolution du Parlement européen sur le Cameroun faisait toujours la Une de nombreux journaux camerounais le 24 avril. Depuis l’adoption de cette résolution dénonçant la situation politique du pays, tout en appelant notamment à la libération de l’opposant Maurice Kamto, les dénonciations se succèdent à Yaoundé. À tel point que le 22 avril, dans un courrier adressé au secrétariat général des Nations unies, le représentant de la mission permanente du Cameroun à l’ONU a rappelé que les autorités de son pays ont « invité le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, ainsi que le Parlement européen, à venir voir la situation qui prévaut au Cameroun ».

Les tensions remontent au 19 avril dernier, par une déclaration provenant de la chambre haute du Parlement camerounais. « Le Sénat de la République du Cameroun dénonce la campagne de dénigrement orchestrée vis-à-vis de [son] pays, et appelle à la compréhension de ses partenaires européens, notamment ceux confrontés aux menaces séparatistes ou aux violences terroristes », indiquait dans un communiqué Marcel Niat Njifenji, le président de cette institution.

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Une déclaration qui résume le credo repris en cœur par la classe dirigeante du Cameroun, à l’origine d’un tir groupé à l’encontre des parlementaires européens. Sur le front de la riposte camerounaise, les plus actifs sont les présidents des deux chambres du Parlement, les ministres des Relations extérieures et de la Communication, ainsi que le représentant permanent du Cameroun aux Nations unies. L’action, visiblement coordonnée, est marquée par une répétition de plusieurs termes, à l’instar de la « condamnation » de l’acte pris par les députés européens, suivie d’une invitation au dialogue.

La question anglophone

Les officiels camerounais ont ainsi tenté d’apporter des éclairages sur les différents points critiqués par les parlementaires européens, notamment la gestion de la crise anglophone et les arrestations d’opposants politiques, comme celle de Maurice Kamto, du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).

Face aux récriminations de la résolution de l’Union européenne qui stipule que « des tensions existent entre Francophones et Anglophones » et que ces derniers subissent « des discriminations », les autorités camerounaises ont affirmé que des mesures ont été prises par le président Paul Biya « pour créer un climat d’apaisement et favoriser le retour au calme » dans les deux régions anglophones. Selon le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi, qui a tenu un point de presse lundi sur le sujet, « celles-ci ont apporté une réponse aux aspirations profondes des populations à prendre en main la gestion des affaires locales ».

S’agissant des événements liés aux manifestations du 26 janvier, à l’initiative de militants du MRC, le ministre des Relations extérieures a indiqué que les procédures engagées contre les personnes appréhendées à la suite des marches étaient « conformes à la législation camerounaise en vigueur et aux obligations internationales auxquelles le Cameroun a souscrit » en matière de garanties à un procès équitable.

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Alors que la résolution du Parlement européen dénonçait l’usage disproportionné de la force face à ces manifestants, le porte-parole du gouvernement René Emmanuel Sadi a affirmé que « l’usage par les forces de maintien de l’ordre de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc est conforme à la réglementation ».

« Nous n’avons qu’une seule patrie. Il est de notre devoir de la défendre », a commenté le président Paul Biya sur son compte Twitter le 22 avril, bien qu’il soit difficile de savoir si cette communication soit liée à la résolution adoptée par les députés européens.

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