Fer : pourquoi ArcelorMittal franchit la frontière guinéenne
ArcelorMittal va reprendre les parts de BHP Billiton et Areva dans le projet minier de fer du Mont Nimba, en Guinée. Une transaction qui permettrait au géant de l’acier de devenir actionnaire majoritaire d’un gisement qui recèle 935 millions de tonnes de minerais.
Le numéro un mondial de l’acier, ArcelorMittal, a indiqué s’être entendu avec BHP Billiton et Areva pour reprendre leurs parts dans le projet minier de fer du Mont Nimba, au sud-est de la Guinée. Le gisement est situé à seulement 40 km de sa mine libérienne de Yekepa, exploitée par le groupe minier et sidérurgiste.
La transaction devrait permettre au groupe luxembourgeois, dirigé par l’Indien Lakshmi Mittal, de disposer de 56,5 % de l’actionnariat de d’Euronimba, la société menant le projet guinéen. Les parts restantes sont entre les mains de l’américain Newmont Mining, partenaire du projet depuis son démarrage en 2009.
500 millions de dollars
ArcelorMittal a refusé de divulguer le montant de l’opération, annoncée lors de la présentation de ses résultats semestriels, le 1er août 2014. Mais la transaction devrait avoisiner les 500 millions de dollars selon les analystes.
BHP Billiton, en phase de repli sur le continent africain qu’il juge trop risqué, avait annoncé il y a deux ans son intention de revendre ses 43,5% de parts dans le gisement de fer guinéen, pour concentrer ses efforts sur ses méga-gisements australiens et américains. Du côté d’Areva, qui détenait 13% des parts, cette sortie du capital est logique puisque ce projet d’extraction de fer est en dehors de la filière nucléaire dans laquelle intervient habituellement le groupe français.
Lire aussi:
Guinée : mont Simandou et merveilles
Guinée : BHP Billiton se désengage de Sangarédi
Le Liberia demande à ArcelorMittal de partager sa ligne ferroviaire avec la Guinée
935 millions de tonnes de minerais
Le gisement du Mont Nimba recèle 935 millions de tonnes de minerais à haute teneur en fer (63,5%), directement exportable, mais le développement du projet était au ralenti depuis l’annonce de BHP Billiton de se retirer.
Avant l’annonce du rachat par ArcelorMittal, des sources à Conakry indiquaient des discussions autour d’Euronimba entre BHP Billiton et B&A Mineraçao, pilotée par le Brésilien Roger Agnelli, l’ancien patron de Vale, fin connaisseur du pays.
Transit par le Liberia
La transaction entre ArcelorMittal et les vendeurs reste toutefois suspendue à l’aval – probable – des autorités guinéennes pour faire passer le fer du Mont Nimba par le Liberia. ArcelorMittal dispose en effet de la concession du chemin de fer minier entre Yekepa, à l’extrême nord du pays contigu à la Guinée, et le port de Buchanan, sur la côte atlantique. Si Conakry donne son accord pour que le minerai traverse la frontière, ArcelorMittal pourra optimiser ses coûts logistiques.
Sa production de fer au Liberia doit passer de 4 à 15 millions de tonnes par an en 2015, à laquelle il pourra rajouter dorénavant celle d’Euronimba, toutes deux transitant par la voie ferrée Yekepa-Buchanan. En 2012, ArcelorMittal avait rejeté la demande de BHP Billiton de transporter ses minerais libériens, espérant sans doute rafler la mise dans l’un des projets de fer guinéens proche de Yekepa. C’est désormais chose faite.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- Doublé par la junte au Mali, Maroc Telecom restera-t-il dans le pays ?
- Chez Itoc au Sénégal, les enfants de Baba Diao revisitent la gouvernance du groupe
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- « Neuf des vingt pays qui présentent les taux de croissance les plus forts au mond...
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?