Maroc : les sidérurgistes réclament une nouvelle taxe contre la concurrence déloyale
Dénonçant une concurrence déloyale et la fin de certaines mesures de sauvegarde, l’association des sidérurgistes a haussé le ton et demandé que ces dernières soient maintenues et complétées par une nouvelle taxe.
Ismail Akalay, à peine élu à la tête de l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM), a entamé son mandat sur les chapeaux de roues. Dans sa ligne de mire, le climat délétère qui menace le secteur de la sidérurgie. « Le développement du tissu industriel national est, à l’instar des grandes économies mondiales, étroitement lié à celui de la sidérurgie », a rappelé d’emblée Ismail Akalay, également directeur général du groupe marocain Sonasid, dans un communiqué diffusé le 22 avril.
Alors que certaines mesures de sauvegarde que l’État a mises en place en 2014 prennent fin cette année, le groupement des sidérurgistes a ainsi demandé que celles-ci soient maintenues et prolongées. Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane avait en effet mis en place des droits antidumping allant jusqu’à 22% pour les produits européens et turcs. L’ASM, qui est composée des plus grands groupes comme Maghreb Steel, la Sonasid ou encore Univers Acier, a également réclamé la mise en place d’une taxe supplémentaire. L’objectif serait de préserver les investissements et les emplois et d’adhérer aux pratiques protectionnistes appliquées un peu partout dans la région et dans le reste du monde.
Une « concurrence déloyale »
« Afin que le secteur sidérurgique puisse prospérer et hisser son écosystème, engendrer davantage d’emplois, développer son savoir-faire et créer plus de valeur ajoutée, il est fondamental qu’il puisse opérer dans un climat d’affaires stable, équilibré et sans concurrence déloyale », se justifient les sidérurgistes marocains.
Sans directement la nommer, Ismail Akalay, ancien directeur général du groupe minier Managem, a profité du communiqué pour lancer ce qui pourrait ressembler à une pique à l’égard de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME), qui pointe notamment du doigt ces mesures de sauvegarde, favorisant selon elle la pression exercée sur le secteur. « Au Maroc, certaines filières s’opposent aux mesures de sauvegarde instaurées et demandent même l’annulation des mesures existantes. Nous tenons à rappeler que cette démarche est dangereuse », a-t-il précisé dans le communiqué.
La FIMME est en effet monté au front dernièrement pour exprimer son mécontentement et son refus catégorique de toute mesure de défense commerciale pour le secteur de la sidérurgie. Les acteurs membres de la fédération utilisent l’acier comme matière première et espèrent pouvoir importer ailleurs pour un coût moindre. Ils prennent comme exemple les graves difficultés financières que connaissent plusieurs industriels, notamment ceux qui opèrent dans la construction métallique à l’image de Buzzichelli ou encore Stroc Industrie.
Secteur menacé
Le nouveau président de l’ASM a ainsi tenté de démontrer que sans ces mesures de sauvegarde, la situation de ses confrères serait menacée. Pour y arriver, le communiqué donne quelques exemples. « Les États-Unis appliquent un droit de douane de 25% sur les importations d’acier et qui a suscité l’instauration de mesures similaires par l’Union européenne et la Turquie. En conséquent, les équilibres mondiaux et régionaux des marchés de l’acier ont changé et une pression encore plus forte est exercée sur les marchés peu protégés comme celui du Maroc », a rappelé l’ASM. En 2018, plus de 500 mesures ont été accordées aux sidérurgistes faisant de ce secteur l’un des plus protégés du monde.
Une réponse de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et du Commerce, est attendue dans les prochaines semaines afin de mettre un terme à la crise. Selon un haut responsable d’un groupe sidérurgiste, des rencontres sont programmées entre les différentes parties et même avec la FIMME sur la table.
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