Vite, un coach !

Tout droit venu des États-Unis, le coaching professionnel décolle progressivement au sein des entreprises africaines et arabes.

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

« Libérez votre potentiel, découvrez vos forces et ressources inexploitées, laissez libre cours à votre intelligence émotionnelle ! » Ce ne sont pas là les paroles d’un « gourou », mais celles d’un coach chargé du développement personnel des employés au sein d’une entreprise. Un coach se veut « l’entraîneur » de son client ; il est là pour résoudre certaines difficultés professionnelles, aider à l’amélioration du management, faciliter la gestion du stress En un mot : vous faire progresser. Cette formule d’accompagnement tout droit venue des États-Unis a démarré doucement en Europe et connaît aujourd’hui un développement important, particulièrement en France. Le marché du coaching professionnel dans l’Hexagone est estimé aux alentours de 130 millions d’euros ; entre 3 000 et 5 000 professionnels déclarent une activité de coaching, et plus de 75 % des grandes sociétés nationales et multinationales l’utilisent régulièrement.
Les missions attribuées au coach d’entreprise sont très variées, mais concernent de plus en plus le management. Dans ce contexte, le coaching consiste en un suivi des cadres dans leur milieu professionnel, afin de leur permettre de mener à bien leurs missions. Ni consultant, ni formateur, ni psychothérapeute, le coach accompagne le manager dans une dynamique de réalisation de ses projets. Aujourd’hui, la plupart des grandes entreprises aux États-Unis et en Europe n’hésitent plus à recourir aux services d’un coach pour doper les performances de leurs cadres à haut potentiel ou de leurs dirigeants. Ainsi, Kevin Rollins, PDG de Dell, a modifié sa façon d’aborder ses subordonnés suite à un coaching qui lui a révélé que « ses salariés le trouvaient trop critique, très dur, et estimaient qu’il n’écoutait pas les autres, ce qui bloquait les initiatives ».
Les entreprises africaines et arabes commencent à s’intéresser de près à cette pratique sans toutefois y adhérer complètement. « Les dirigeants africains considèrent cela plutôt comme un luxe occidental, explique Isabelle Régis, coach certifiée de l’Institut international de coaching de Genève, membre de la Fédération francophone de coachs professionnels. Ils croient que leurs seules compétences techniques suffisent à diriger une entreprise. Ils oublient que la dimension humaine optimisée par le coaching donne plus de résultats et plus vite, car savoir communiquer avec les autres et avec soi-même apporte un équilibre propice à toute réussite. » Isabelle Régis, dont le travail repose sur des valeurs universelles recensées par l’Unesco (paix, solidarité, respect, responsabilité, tolérance), a notamment vécu et travaillé en Afrique (Côte d’Ivoire et Sénégal). Son principal domaine de compétences : le coaching multiculturel.
Un grand scepticisme semble encore entourer le recours au coaching, qui reste une démarche originale et dans bien des cas marginale au sein d’entreprises qui se méfient d’une profession encore mal ou pas du tout réglementée dans leurs pays. Pour Isabelle Régis, qui a aussi bien travaillé en entreprise qu’avec des particuliers, « le coaching est proposé aux entreprises en Afrique par des consultants de tout poil. La réglementation en la matière fait défaut. Aux entreprises de se montrer prudentes. Si on leur propose ce qu’elles veulent, ce n’est pas forcément ce qui leur sera le plus utile, ni le mieux fait. » D’autre part, un obstacle culturel subsiste : dans certains pays, on ne laisse pas encore assez de place à la prise d’initiatives et à l’autonomie. « En Afrique subsaharienne, nous avons encore un management à la papa inspiré des structures villageoises et qui ne laisse pas d’ouverture à la responsabilité, regrette Isabelle Régis. Ce sont des structures pyramidales avec des zones de pouvoir abandonnées à un chef, qui se doit de pourvoir au bien-être de toute sa société. »
Malgré l’ensemble de ces obstacles, le coaching devrait finir par s’imposer sur le continent. « Nous n’en sommes aujourd’hui qu’à ses prémices en Afrique, explique Isabelle Régis. C’est un outil indispensable à tout projet de vie et d’entreprise. Derrière toute réussite se trouve une personne qui aide à réussir. Le coach est l’éminence grise de toute entité qui fait appel à lui. » Signe encourageant : au Maghreb, et notamment au Maroc, quelques initiatives individuelles font progresser cette profession, qui, de l’avis de plusieurs spécialistes, représente un métier d’avenir.

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