Un musée dans le Sahara mauritanien

El Khalil Sidi Dah, 56 ans, insiste : la « Maison d’arts », le musée qu’il a créé en février 2005 à Touezekt, dans le Sahara mauritanien, est facile d’accès. « C’est à 13 kilomètres d’Atar, sept minutes en voiture, la route est goudronnée », répète-t-il à l’envi.

L’idée d’un musée dans le désert, au milieu de rien, à plus de 300 kilomètres de Nouakchott et de Nouadhibou, les deux villes principales du pays, semble pour le moins incongrue. « Les chercheurs qui ont écrit sur la Préhistoire en Mauritanie parlent tous de pillages », explique le fondateur de la Maison d’arts. Souhaitant retenir le patrimoine national dans son berceau d’origine, il donne naissance, avec son propre argent, à ce petit musée de deux pièces pour y exposer les trouvailles archéologiques les plus diverses. Des silex, des haches polies, des pointes taillées, des perles, des poteries et d’autres petits objets non identifiés s’invitent dans la Maison d’arts, à côté de manuscrits en arabe, d’insignes militaires et de pièces de monnaie. Une frise historique qui enchaîne le néolithique, l’époque ancienne et la période coloniale sur 800 m2 et qui donne un rare aperçu de l’histoire du territoire mauritanien. Car dans cet État qui n’a pas 50 ans, les musées se comptent sur les doigts d’une main.

Les 3 000 pièces de cet assemblage hétéroclite ont un point commun : c’est El Khalil Sidi Dah lui-même qui les a ramassées. Tous les week-ends depuis onze ans, il part en brousse avec un chauffeur et, accroupi dans le sable, joue au chercheur de pierres. Un travail de Sisyphe « Quand le vent souffle, les dunes se déplacent et des objets ressortent. À chaque fois que je vois une pierre polie, je commence la recherche », explique-t-il.

Depuis quatorze mois que le musée est ouvert, son fondateur est parvenu à y attirer quelques visiteurs prestigieux, des acteurs de la coopération culturelle française notamment. Bientôt, un archéologue doit le rejoindre pour l’aider à répertorier tous les objets, car El Khalil Sidi Dah le reconnaît, il est seulement amateur. Son objectif est toutefois ambitieux : attirer le plus grand nombre de visiteurs possible parmi les 12 000 passagers qui, chaque année, d’octobre à avril, débarquent à l’aéroport d’Atar, tout proche. Gageons que les tour-opérateurs ne tarderont pas à le mettre bientôt au programme.

Maison d’arts, Touezekt, BP 42, Atar, Mauritanie.
Site Web : www.maisondarts.mr