Sea, Tax and Sun

Climat, proximité, langue commune, conditions de vie… Les retraités européens ont bien des raisons de s’installer.

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

C’est un fait, les « seniors », l’appellation marketing qui remplace les termes politiquement incorrects de « troisième âge » ou de « vieux », sont de plus en plus tentés par une retraite au soleil hors de leurs frontières. À l’origine de cette tendance, de nouveaux profils de retraités plus dynamiques et bien décidés à profiter non pas de leurs vieux jours, mais de leur seconde jeunesse.
Les snowbirds, comme on les appelle outre-Atlantique, sont dans leur grande majorité des retraités qui résident jusqu’à six mois par an sous le soleil du sud des États-Unis ou du Mexique pour échapper à la froidure de l’Amérique du Nord. Ce phénomène gagne également l’Europe, et particulièrement la France, où des milliers de retraités passent les longs mois d’hiver sur les bords de la Méditerranée.
Les motivations de ces retraités migrateurs sont multiples : douceur du climat, proximité géographique, langue commune, sécurité du pays, volonté de rompre avec l’ennui et la solitude, conditions de vie nettement plus avantageuses, possibilité de disposer de personnel de maison, mais aussi richesse du patrimoine culturel et envie d’authenticité. Autant d’arguments qui ont convaincu plus de 40 000 retraités français de s’installer au Maroc. Ils trouvent leur bonheur à Marrakech, à Agadir ou encore sur l’axe Rabat-Mohammedia-el Jadida, et de plus en plus à Essaouira, la cité montante de la côte atlantique. Aux rayons du soleil s’ajoutent d’importants dégrèvements fiscaux. Ainsi, pour un retraité français dont la résidence fiscale est au Maroc, après application d’un abattement de 40 % sur les revenus déclarés, l’impôt sur le revenu qui en résulte est réduit de 80 %, à condition que soit prévu le transfert de la totalité de la pension de retraite française dans le pays d’accueil. Le royaume prend donc grand soin de ces retraités étrangers qui le lui rendent bien et permettent une rentrée de devises substantielle. Un échange de bons procédés qui n’est pas près de s’arrêter puisque les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), qui partent favoris des élections législatives de 2007, veulent attirer jusqu’à un million de seniors européens à l’horizon 2020. Une mesure phare qui, selon Lahcen Daoudi, un parlementaire islamiste responsable des questions économiques au sein du PJD, devrait permettre de « faire un grand pas sur la voie du règlement du chômage, et donc de la pauvreté et de l’immigration clandestine ».
Mais cette transhumance des seniors a une contrepartie : une hausse générale du niveau de vie et une forte spéculation immobilière. Nombreux sont les retraités étrangers qui décident de construire la résidence de leurs rêves ou qui décident d’acquérir riads et villas à Marrakech ou à Agadir. L’environnement n’est pas épargné. Ainsi, en 2005, ils étaient près de 2 400 retraités regroupés dans 1 200 camping-cars sur un même site proche du village de Taghazout, appelé « Kilomètre 17 » – qui a été du coup interdit d’accès dans le cadre de l’aménagement touristique de la baie d’Agadir.
En Tunisie, cette « délocalisation » des retraités prend également de l’essor, mais de manière mieux maîtrisée. Français, Allemands ou Scandinaves viennent passer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, dans des complexes hôteliers à Monastir ou à Djerba, et profitent, avec l’appui financier de leurs caisses de retraite, d’un système de soins moderne low-cost. Et tout le monde y trouve son compte. D’un côté, les retraités étrangers s’offrent des séjours longue durée à des prix défiant toute concurrence : jusqu’à sept semaines pour un peu plus de 1 000 euros toutes taxes comprises. De l’autre, les tour-opérateurs et les acteurs locaux ont déniché le bon filon puisque le taux de remplissage des chambres n’a jamais été aussi élevé durant les périodes « hors saison ». Ce tourisme d’un nouveau genre représente une aubaine pour la Tunisie, dont le tourisme est fortement marqué par la saisonnalité. Les seniors sont donc particulièrement choyés. Pour preuve du succès de ce tourisme longs-séjours, l’engouement des voyagistes, notamment des pionniers tels que Fram et Sangho, qui proposent cinq à six semaines à Monastir ou à Zarzis à des prix bradés. Une seule contrainte pour les retraités : partir à des dates imposées et libérer les chambres avant les vacances scolaires.
Avec l’allongement de l’espérance de vie et l’amélioration des soins médicaux, les seniors restent en meilleure santé plus longtemps. Et la vieillesse est moins pénible au soleil. Cette tendance à la fuite des retraités devrait se confirmer et même s’accentuer dans les prochaines années en Europe. L’augmentation régulière des prélèvements fiscaux et sociaux ne peut que les encourager à s’installer sous le soleil du Maghreb et à se laisser convaincre par le slogan Sea, Tax and Sun.

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