Les privées montent au créneau

Délaissé depuis près de deux décennies, le secteur reprend progressivement pied sous l’impulsion d’acteurs locaux et régionaux.

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Avec un peu moins de 50 000 comptes pour 60 millions d’habitants, le Congo est l’un des pays les plus sous-bancarisés au monde. Les Congolais ont commencé à tourner le dos à leurs banquiers à partir du début des années 1990. À cette époque, le régime de Mobutu faisait tourner la planche à billets à plein régime, provoquant d’importantes poussées d’inflation. Le comble a été atteint en 1994 avec une hausse des prix estimée à 9 700 % sur l’année
Aujourd’hui, la plupart des transactions se font toujours en espèces, notamment en dollars, qui représentent plus de 80 % de la monnaie en circulation. « Les hommes d’affaires transportent de très grosses sommes dans leur attaché-case », témoigne un diplomate. Le total de bilan de tous les établissements bancaires de la place ne dépasse pas 750 millions de dollars, ce qui leur confère la taille d’une seule banque au Sénégal, par exemple. Leurs activités sont limitées aux rares entreprises qui ont pignon sur rue, auxquelles elles n’accordent que très peu de prêts – moins de 250 millions de dollars par an -, car il leur est difficile de se couvrir juridiquement, les titres de propriété foncière n’ayant qu’une valeur très relative et le marché de l’assurance étant quasiment inexistant.
Malgré ces handicaps, la filière bancaire est en cours de redynamisation. La reprise de la coopération avec les institutions de Bretton Woods en 2001 a permis de rétablir un minimum de déontologie et d’améliorer la gestion des finances publiques. Les autorités ont entrepris une série de réformes, dont l’acceptation des devises étrangères comme moyen de paiement. Elles ont également rétabli une comptabilité nationale et la stabilité monétaire. Par ailleurs, l’inflation est contenue à moins de 25 %, et les opérations de change et de transfert sont libres.
Actuellement, le secteur bancaire se redéploie, mais reste essentiellement concentré à Kinshasa. Les établissements internationaux (Citigroup, filiale de la Citibank, la BCDC du groupe belgo-néerlandais Fortis et la sud-africaine Stanbic) côtoient de nouvelles banques privées locales plus agressives (Rawbank, Congolaise de banque, Banque internationale de crédit, Banque internationale pour l’Afrique au Congo) et des structures dynamiques comme ProcreditBank, banque allemande de microfinance, ou la camerounaise Afriland First Bank.
Les perspectives de développement sont importantes avec l’accompagnement des programmes de réhabilitation et de reconstruction des bailleurs de fonds estimés à 5,7 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, le financement du secteur minier ou encore les privatisations à venir. « Les entrepreneurs sont de plus en plus contraints de passer par nos services. Avec le renforcement des règles internationales, il n’est plus possible de prendre un avion avec 500 000 dollars en liquide pour aller faire des affaires à Dubaï ou en Chine », explique Michel B. Losembe, directeur de Citigroup. Avec la modernisation en cours de la Banque centrale du Congo (BCC), les banques pourront également proposer à moyen terme de nouveaux services et ouvrir des antennes régionales. « En juin 2007, la BCC sera informatisée, et son siège sera relié par satellite avec toutes les régies financières de l’État et toutes les banques. Cela permettra d’introduire la monétique, d’installer des distributeurs et de réaliser des paiements en direct », annonce Jean-Claude Masangu Mulongo, gouverneur de la BCC.

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