Sahara occidental : la mission de l’ONU renouvelée malgré des crispations diplomatiques

L’ONU a renouvelé pour six mois sa mission de paix au Sahara occidental. Les États-Unis, rédacteurs de la résolution, se sont attirés les foudres de l’Afrique du Sud, qui dénonce une approche favorisant le Maroc aux dépens du Front Polisario.

Un véhicule de l’ONU passe devant le siège de la Minurso, le 13 mai 2013 à Laâyoune. © AFP

Un véhicule de l’ONU passe devant le siège de la Minurso, le 13 mai 2013 à Laâyoune. © AFP

Publié le 2 mai 2019 Lecture : 3 minutes.

Le texte a été approuvé mardi 30 avril par 13 voix sur les 15 que compte le Conseil de sécurité. Deux pays se sont abstenus : la Russie et l’Afrique du Sud. De vifs désaccords sont en effet apparus entre les États-Unis et cette dernière. Car pour Pretoria, le compte n’y est pas. La force de paix Minurso « a été créée pour faciliter la tenue d’un référendum au Sahara occidental pour que son peuple puisse utiliser son droit à l’autodétermination », a rappelé l’ambassadeur sud-africain Jerry Matthews Matjila. Or, le texte adopté ne serait selon lui « pas équilibré » et favoriserait trop le Maroc.

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Le Polisario demande un référendum d’autodétermination pour le Sahara occidental, riche en phosphates et bordée d’eaux poissonneuses. Mais le Maroc, qui revendique depuis 1975 cette ancienne colonie espagnole, refuse toute solution autre qu’une autonomie sous sa souveraineté.

Critiquant « des libellés ambigus », l’Afrique du Sud, soutien affiché du Polisario, a aussi reproché aux États-Unis d’avoir produit un texte qui chercherait « à influencer » une solution politique finale pour le territoire, « dernière colonie du territoire africain » dont le sort n’est toujours pas réglé. Une critique partagée par la Russie, qui a également déploré un texte orienté.

Une occasion manquée, selon le Polisario

La France, notamment soutenue par la Côte d’Ivoire, a réaffirmé son opposition à un renouvellement de six mois en six mois, imposé depuis un an par Washington. La durée d’un an « doit rester la norme » pour les missions de paix de l’ONU, et « six mois doit être l’exception », a souligné l’ambassadrice française adjointe, Anne Gueguen. Washington estime de son côté qu’une durée courte accentue la pression sur les quatre parties – Maroc, Front Polisario, Algérie, Mauritanie – pour parvenir à une solution.

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La proposition marocaine d’une autonomie pour le Sahara occidental est « une base sérieuse et crédible pour des discussions », a aussi estimé Anne Gueguen, alors que Paris est perçu à l’ONU comme le meilleur soutien du Maroc pour favoriser son approche.

Dans son dernier rapport, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, avait réclamé aux parties « des gestes » pour progresser vers une solution. Une mention qui n’a pas été retenue dans la résolution. Le Front Polisario a déploré une occasion manquée. « Nous regrettons que le Conseil de sécurité ait manqué une opportunité importante (…) pour renforcer un processus de paix plutôt fragile », a indiqué le représentant du Front à l’ONU, Sidi Omar. Selon lui, « le Maroc n’a montré aucune appétence pour s’engager dans un processus sérieux de négociations ».

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Le Maroc satisfait

Balayant ces critiques, le Maroc s’est au contraire félicité d’un texte qui « répond aux attentes » de Rabat. Parlant de « Sahara marocain », l’ambassadeur Omar Hilale a souligné que la résolution évoquait la recherche d’une solution « réaliste, pragmatique ». Le texte établit aussi un lien clair entre « compromis et autodétermination », a-t-il estimé, en réaffirmant que l’ «autonomie » était la meilleure solution pour le territoire.

La Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, au coût annuel d’environ 50 millions de dollars, compte quelque 300 membres. Depuis 1991, elle garantit un cessez-le-feu dans la région.

Après six ans d’interruption, la reprise de discussions multilatérales en décembre en Suisse entre les quatre parties sous l’égide de l’ONU s’était déroulée dans un esprit cordial salué par tous. Fin mars, la deuxième table ronde s’était achevée par le constat de l’émissaire onusien Horst Köhler que les positions restaient « fondamentalement divergentes ». Mais aucune date n’a encore été avancée pour la tenue d’un troisième round de discussions.

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