Jean de Dieu Moleka Liambi

Ambassadeur de la RD Congo en France

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

L’ambassadeur de la République démocratique du Congo à Paris n’est pas un diplomate ordinaire. Jean de Dieu Moleka Liambi a d’abord été un homme d’Église. Élève des jésuites depuis son plus jeune âge, il suit une éducation classique. Jeune homme, il est reçu à l’Institut Saint-Pierre-Canisius-de-Kimwenza à Kinshasa, un établissement dont la réputation en matière de formation des religieux à la philosophie n’est plus à faire. Il intègre ensuite la faculté catholique de Kinshasa, afin de parfaire ses connaissances en théologie.
L’engagement politique viendra plus tard, au lendemain d’une expérience « vécue dans la chair », comme il nous l’a racontée lors de son passage à Jeune Afrique, le 6 avril dernier. « C’était le 16 février 1992, je participais à la Marche des chrétiens pour la démocratie, déclenchée à la suite de la suspension de la Conférence nationale décidée par le président Mobutu. L’armée a tiré sur la foule et fait treize morts et des dizaines de blessés. J’ai porté secours à l’un de mes camarades, ma soutane était pleine de sang. J’ai été profondément marqué par cet événement, à la suite duquel j’ai décidé d’abandonner la voie religieuse pour agir en faveur de mes concitoyens. »
En 1994, Jean de Dieu Moleka Liambi devient conseiller à la présidence de la République du Zaïre, mais ne renonce pas pour autant à la philosophie, puisqu’il continue d’enseigner à l’Université de Kinshasa. Trois ans plus tard, c’est la fin du « règne » du maréchal Mobutu. Toujours partagé entre l’action et la réflexion, le futur ambassadeur, déçu par les réformes du nouveau pouvoir, part pour la France.
Il étudie à l’Institut catholique de Paris, puis à l’université de Marne-la-Vallée. En 2002, il soutient sa thèse sur « La poétique de la liberté dans la réflexion éthique de Paul Ricur ». S’il est loin de son pays, il reste proche du débat d’idées qui secoue la jeune République démocratique du Congo. L’intellectuel réfléchit alors au comportement de l’homme en démocratie. Son mémoire traite d’ailleurs des notions d’autonomie et de dépendance dans l’existence.
Jean de Dieu Moleka Liambi suit donc de près le Dialogue intercongolais, qui va conduire à la création de quatre postes de vice-présidents. C’est alors qu’il retourne à Kin et s’engage au sein du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), dirigé par Jean-Pierre Bemba. Ce dernier lui offre un poste de conseiller chargé des analyses politiques dans son cabinet. En décembre 2005, il prend la tête de la représentation diplomatique de son pays natal à Paris.
« Réconciliation » est le maître mot de l’ambassadeur. En bon philosophe et ancien religieux, il s’emploie à convaincre ses interlocuteurs – qu’ils soient membres du Medef (Mouvement des entreprises de France) ou responsables politiques – de l’aspiration profonde de son pays au rassemblement et à l’unité. La vision qu’il communique de la bonne gouvernance ou du progrès économique et social se fonde sur une « diplomatie de développement » et sur une tradition d’humanisme. Un mot passé de mode, mais que Jean de Dieu Moleka Liambi s’emploie à remettre au goût du jour.

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