Inquiétude du FMI

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Dans son rapport de printemps sur l’économie mondiale, le FMI se livre à un exercice d’équilibriste qui laissera sur leur faim ceux qui en attendaient une première illustration de la ferme surveillance multilatérale prônée par l’institution.
Du côté américain, le Fonds prévoit la poursuite d’une croissance forte, à 3,4 % cette année et 3,3 % en 2007. En revanche, il s’inquiète de l’atonie de la zone euro, affectée par les difficultés de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, où la consommation des ménages reste morose et où seule la demande extérieure soutient l’activité. Globalement, la croissance européenne devrait se languir à 2 % en 2006 et 1,9 % en 2007 en moyenne. Dans le même temps, le Japon profite d’une croissance bien établie à 2,8 % et 2,1 % sur les deux années. Quant aux économies émergentes de la Chine et de l’Inde, elles tirent vers le haut les perspectives d’ensemble, grâce à des performances de 9,5 % et 9 % pour la Chine, et de 7,3 % et 7 % pour l’Inde. Au total, l’économie mondiale devrait croître à un rythme de 4,9 % en 2006 (pour une prévision précédente de 4,3 %) et de 4,7 % en 2007 (+ 0,3 %). 2006 serait ainsi la quatrième année consécutive où l’économie mondiale connaîtra une croissance supérieure à 4 %.

Mais on lit par ailleurs dans le rapport qu’une « arithmétique fondamentale demeure », à savoir la nécessaire réduction du déficit courant des États-Unis. Pour atteindre cet objectif, il faudra une « dépréciation substantielle du dollar », qui, pour se produire dans le calme, supposera que les partenaires des États-Unis acceptent un accroissement de leurs avoirs en dollars malgré des pertes de change substantielles. Sinon, dit le rapport, il faut s’attendre à un ajustement abrupt et désordonné, accompagné par des variations de taux de change exagérées, une augmentation massive des taux d’intérêt et un brutal ralentissement de la croissance mondiale. Pour conjurer ce risque, le FMI implore les partenaires des États-Unis, et principalement les dirigeants de la zone euro, de ne pas relever inconsidérément leurs taux d’intérêt, justifiant accessoirement cette requête par le souci de ne pas entraver la relance de leur activité. Or la Banque centrale européenne, inquiète d’une résurgence de l’inflation par les coûts (salaires, pétrole), semble prête à faire l’inverse, c’est-à-dire à relever ses taux.
Le FMI ne peut tout dire. Il ne peut dire qu’en traitant des années durant les déficits américains comme une variable de bouclage et en les laissant se creuser comme résultat d’une politique économique aventureuse, dont la guerre en Irak n’est pas la moindre tare, le monde est arrivé à un point où il faudra plus que des ajustements de taux d’intérêt pour éviter une crise financière mondiale majeure.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires