Enrico Macias

Chanteur et guitariste français d’origine algérienne

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 3 minutes.

Né à Constantine (Algérie) en décembre 1938, Enrico Macias, de son vrai nom Gaston Ghrenassia, a baigné très tôt dans la musique traditionnelle. À l’instar de milliers de pieds-noirs, Enrico quitte l’Algérie en 1962. Il n’y est jamais retourné. Reconnu sur le plan international, adulé par les foules arabes, il n’en a pas moins suscité des controverses à cause de ses prises de position en faveur de l’État d’Israël. Invité pour sa première tournée en Algérie en 2000, Enrico Macias a été contraint d’annuler son voyage à la suite d’une vive polémique suscitée par les islamistes. Aujourd’hui encore, il n’arrive toujours pas à se remettre de cette déception.

Jeune Afrique : En 2000, le président algérien vous adresse une invitation officielle pour chanter dans votre pays natal. Finalement, le voyage et la tournée sont annulés. Que s’est-il passé ?
Enrico Macias : L’invitation du président Bouteflika était sincère. Par la suite, il s’est laissé influencer par les intégristes qui ont fait campagne contre mon voyage en Algérie, où je compte de nombreux admirateurs. C’est une insulte à mon endroit ainsi qu’à celui du peuple algérien. J’en veux aux autorités d’avoir cédé à la pression des intégristes.
Bouteflika n’a donc pas tenu son engagement
S’agissait-il d’un choix politique ? D’un autre type de calcul ? Je ne sais pas. Une chose est sûre : il n’a pas tenu sa promesse.
Vous avez chanté dans de nombreux pays arabes, sauf dans celui d’où vous êtes originaire. Pourquoi Enrico reste-t-il interdit en Algérie ?
Tout autant que les Algériens, je me pose sans cesse la question sans pouvoir y répondre. Je vis cette interdiction comme un drame et une injustice. Si l’occasion se présentait, je ferais abstraction de tout orgueil personnel et j’irais chanter en Algérie pour la réconciliation de tous les Algériens.
En 1962, vous quittez l’Algérie à bord d’un bateau. Durant la traversée, vous composez la chanson « Adieu mon pays ». Quand Enrico Macias pourra-t-il reprendre le bateau ou l’avion pour y retourner ?
Je l’espère toujours. En 2003, j’ai écrit une chanson qui s’appelle « Le voyage ». Je disais : « Je n’ai pas fait ce voyage, des fous m’ont barré le passage. Aujourd’hui, mes racines ont été coupées, mais je ne peux pas me passer de l’Algérie. Ce voyage, je le ferai un jour. »
Vous fêtez cette année quarante-cinq ans de carrière avec un nouvel album. Pourquoi l’avoir intitulé La Vie populaire ?
Produit par Jean-Claude Ghrenassia [le fils d’Enrico Macias, NDLR], ce nouvel album contient une chanson intitulée « La Vie populaire » que j’ai coécrite avec Jean-Loup Dabadie. Nous avons pensé que titre est idéal pour l’ensemble de cet album, qui contient douze chansons. Comme pour le précédent Les Oranges amères, sorti en 2003, les textes et la musique ont été signés en collaboration avec Marc Estève, Kent et Art Mengo.
Quelles sont les principales dates qui ont marqué votre parcours ?
Ah, il y en a beaucoup. En 1962, j’ai quitté l’Algérie pour la France. Cette année-là, j’ai sorti mon premier album, Adieu, mon pays. Ensuite, 1980. Sur invitation d’Anouar el-Sadate, je me suis rendu en Égypte pour rencontrer le président qui venait de signer la paix avec Israël. En 1997, je suis désigné comme ambassadeur spécial du secrétaire général de l’ONU pour la promotion de la paix et la défense de l’enfance. Enfin, la sortie en 2003 de mon album Les Oranges amères.
Vous êtes ambassadeur de l’ONU pour la promotion de la paix. Concrètement, en quoi consiste votre mission ?
Elle a un double rôle, humanitaire et politique. Au fil de nos missions et de nos voyages, nous rencontrons les responsables de différents pays qui connaissent d’énormes difficultés avec lesquels nous abordons les questions politiques, économiques et sociales. Nous préconisons des solutions pour lutter contre la misère et pour un meilleur cadre de vie en faveur des populations démunies. Nous faisons également la promotion de la réconciliation entre les peuples ainsi que de l’esprit de tolérance et de la non-violence.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires