Du rififi dans l’opposition zimbabwéenne

Publié le 25 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

La branche sécessionniste du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), dirigée par Arthur Mutambara, vient d’enregistrer une série de démissions. Elles exposent au grand jour les divisions qui continuent de troubler l’opposition zimbabwéenne.
En octobre 2005, la première formation opposée au régime de Mugabe s’était déchirée après que son dirigeant, Morgan Tsvangirai, eut décidé de boycotter les élections sénatoriales contrairement à l’avis du Conseil national. Une faction, surnommée depuis « pro-Sénat », avait estimé que Tsvangirai avait enfreint les règles démocratiques du mouvement. De nombreux délégués et militants ont suivi Welshman Ncube, le secrétaire général du MDC, et Arthur Mutambara, fraîchement rentré d’Afrique du Sud où il enseignait la robotique, pour protester contre une « dérive autoritaire » imputée à la figure emblématique de la lutte contre Robert Mugabe.

Mais, le 10 avril, l’un des dirigeants les plus influents de la faction « pro-Sénat », Blessing Chibundo a décidé de rentrer dans le rang. Un choix fait sous « la pression de ses administrés » qui ne trouvent pas Mutambara suffisamment charismatique ni efficace, a expliqué Chibundo.
Sa défection avait été précédée de celle du parlementaire Joel Gabuza, qui, lors du congrès du MDC en mars, avait préféré Tsvangirai à Mutambara. Entre-temps, des personnalités de la branche britannique du MDC se sont alignées sur les positions de Tsvangirai. Silence Chihuri, le représentant du MDC à Londres, a écrit à Welshman Ncube au début d’avril pour l’informer de leur démission immédiate. « Nous sommes arrivés à la conclusion que nos espoirs et notre contribution au processus politique du Zimbabwe ne seront pas satisfaits par notre affiliation à ce groupe. » Givemore Chindawi, un autre « transhumant », a expliqué à Ncube : « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre notre temps en suivant un cheval dont les quatre pattes sont engluées dans le tribalisme. Vous ne pouvez pas refuser nos démissions. Vous tirerez les conséquences de cette mésaventure en apprenant qu’un leadership ne se construit pas à la faveur du népotisme ou du tribalisme. Vous n’êtes pas une solution aux problèmes du Zimbabwe. Vous faites au contraire partie du problème. »

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Arthur Mutambara est dorénavant sur la défensive, accusant tour à tour les syndicats et les Églises d’être en faveur de Tsvangirai. Il a prévenu ces groupes que s’ils étaient partisans, sa faction se verrait obligée de créer des structures parallèles. Tsvangirai s’est étonné d’une telle déclaration, estimant qu’elle rappelait étrangement celle d’un Mugabe qui avait formé des structures parallèles quand la société civile a rejeté son projet de Constitution dans les années 1990.
En attendant que l’opposition résolve ses tensions internes, Robert Mugabe a, une nouvelle fois, menacé l’opposition dans son ensemble, lors de la célébration du 27e anniversaire de l’indépendance, le 18 avril : « Quiconque mènera une campagne violente invitera la loi à l’en punir sans merci, lui et ceux qui le suivront. » À bon entendeur

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