Ebola en RDC : le cap de mille morts franchi, l’inquiétude redouble

Les autorités congolaises et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont dénoncé des « manipulations politiques » qui attisent l’hostilité contre le personnel médical dans les régions affectées, un facteur qui tend à aggraver l’épidémie.

Un agent de l’Organisation mondiale de la Santé se prépare à administrer un vaccin Ebola à un travailleur humanitaire à Mangina, en RDC, le 8 août 2018. © Al-hadji Kudra Maliro/AP/SIPA

Un agent de l’Organisation mondiale de la Santé se prépare à administrer un vaccin Ebola à un travailleur humanitaire à Mangina, en RDC, le 8 août 2018. © Al-hadji Kudra Maliro/AP/SIPA

Publié le 4 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

« Au total, il y a eu 1 008 décès (942 confirmés et 66 probables) et 422 personnes guéries », a indiqué le ministère congolais de la Santé dans son bulletin quotidien vendredi soir, neuf mois après la déclaration de l’épidémie le 1er août dans la province du Nord-Kivu (est), et très marginalement dans l’Ituri voisine.

Le 2 mai, les autorités sanitaires ont enregistré 14 nouveaux décès de cas confirmés. C’est la dixième épidémie sur le sol congolais, et la deuxième la plus grave dans l’histoire du virus, après celle qui a menacé l’Afrique de l’Ouest en 2014 et fait plus de 11 000 morts.

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« Le taux de létalité globale de l’épidémie est de 65,9% », a ajouté l’autorité sanitaire congolaise, qui orchestre la « riposte » avec l’OMS, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et quelques ONG.

110 000 personnes vaccinées

Plus de 110 000 personnes ont été vaccinées depuis début août. Les deux pays frontaliers, le Rwanda et l’Ouganda, ont aussi vacciné des membres de leur personnel de santé.

« Nous anticipons un scénario de transmission continue et intense », a déploré le directeur du programme pour les urgences de l’OMS, Peter Ryan, lors d’une conférence de presse à Genève.

« Pour juguler l’épidémie (…), certains parlent de six ou neuf mois, ou une année », a prudemment envisagé le ministre congolais de la Santé, le docteur Oly Ilunga, dans un entretien à l’AFPTV.

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« Manipulation politique »

L’épidémie frappe une région touchée par l’insécurité, qui s’est retournée contre les personnels soignants. Un médecin camerounais de l’OMS a été tué le 19 avril à Butembo par des hommes armés alors qu’il dirigeait une réunion d’une équipe anti-Ebola.

« Sur 1 008 décès, 523 (51,9%) ont été notifiés dans les zones de Butembo et Katwa », relève le ministère. Dans ces deux localités voisines, le nombre de décès, de cas avérés et de cas suspects est reparti à la hausse après l’attaque des deux Centres de traitement d’Ebola (CTE) fin février-début mars.

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L’OMS a aussi pour la première fois dénoncé « la manipulation politique » visant à créer un sentiment d’hostilité contre les personnels soignants luttant contre le virus.

« À Butembo, nous étions optimistes après avoir conféré avec le patronat, la jeunesse, etc. Mais, les acteurs politiques, qui ont instrumentalisé la maladie, ont contribué à la désinformation de la population qui paie le prix fort », a aussi accusé le ministre congolais de la Santé, le docteur Oly Ilunga.

« Méfiance des populations »

« La société civile détient des enregistrements sonores des déclarations des acteurs politiques et leaders d’opinion opposés à la riposte », a-t-il ajouté.

Fin décembre 2018, les opposants de l’ex-président Joseph Kabila avait accusé le pouvoir de s’être servi d’Ebola comme prétexte pour annuler l’élection présidentielle dans la région de Beni-Butembo. Cette décision a provoqué la colère durable des électeurs.

« La riposte dans sa conception et dans son pilotage ne tient pas compte de cette méfiance grandissante des populations », regrette le professeur Godefroid Ka Mana chercheur à Pole institute, spécialisé dans les questions de paix dans les grands lacs africains.

De même, les enterrements « dignes et sécurisés » des malades à la charge de la Croix rouge sont perçus par les populations comme une « agression culturelle en mettant les cadavres d’Ebola dans des sachets et en les enterrant dans des fosses communes », constate le professeur.

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