Cameroun : le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira le 13 mai sur la crise anglophone

En dépit des réticences africaines, le Conseil de sécurité de l’ONU tiendra à l’initiative des États-Unis sa première réunion sur le Cameroun le 13 mai prochain, alors que le pays est secoué depuis 2017 par un conflit armé entre séparatistes anglophones et les autorités centrales.

Des policiers camerounais à Yaoundé, en 2005 (photo d’illustration). © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Des policiers camerounais à Yaoundé, en 2005 (photo d’illustration). © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 4 mai 2019 Lecture : 2 minutes.

La réunion, qui portera sur « la situation humanitaire » dans le pays, sera informelle avec la possibilité d’intervenants extérieurs. Aucun texte, déclaration ou communiqué du Conseil, n’est attendu à l’issue de cette session.

« Cela fait longtemps que le Conseil de sécurité devrait s’intéresser à ce qui se passe au Cameroun, où nous voyons une crise humanitaire dévastatrice », a souligné la mission américaine à l’ONU.

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« Nous espérons que cette réunion permettra d’encourager une réponse régionale et internationale plus robuste (…) afin d’éviter une dégradation de la situation plus importante », a-t-on ajouté de même source.

Divergences diplomatiques

Les séparatistes anglophones du Cameroun, pays à majorité francophone, militent pour la création d’un État indépendant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Fin 2017, après un an de protestation, ils ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, ces régions sont le théâtre d’un violent conflit armé qui n’a cessé de prendre de l’ampleur.

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Depuis deux ans, aucun membre du Conseil de sécurité n’a demandé de réunion sur ce sujet. Plusieurs de ses membres, notamment africains, considèrent qu’il s’agit d’une affaire interne au pays dont l’ONU n’a pas à se mêler, ou pour laquelle l’Union africaine est plus à même d’aider à une résolution du conflit.

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Plusieurs États membres jugent qu’une « diplomatie bilatérale » et « discrète » est préférable pour faire pression sur le pouvoir afin de parvenir à une solution pacifique, selon des diplomates.

L’argument d’une déstabilisation régionale

Dans le pays, les combats opposent régulièrement l’armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés qui attaquent gendarmeries et écoles, et multiplient les enlèvements.

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Selon le centre d’analyses géopolitiques International Crisis Group, en vingt mois le conflit a fait 1 850 morts. Il a déjà forcé plus de 530 000 personnes à fuir leur domicile, d’après les Nations unies.

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Le Nigeria accueille 35 000 réfugiés, pour la plupart des femmes et des enfants, selon l’ONU. La déstabilisation régionale représente un argument pour ceux qui veulent porter le dossier dans une enceinte multilatérale.

Sur le plan humanitaire, 1,5 million de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire au Cameroun, et cette situation est sévère pour 8% d’entre elles. Selon l’ONU, le conflit a conduit à la fermeture de 80% des écoles, à la destruction de 75 bâtiments scolaires et à l’enlèvement d’élèves et de personnels éducatifs.

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