Mali : ce qu’il faut retenir de la composition d’un gouvernement d’ouverture inédit

Le nouveau gouvernement malien a été dévoilé ce dimanche. Arrivée d’opposants dans une logique d’ouverture, mais aussi de nouveaux ministres et des poids lourds toujours présents : voici les principaux enseignements à retenir de la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par le Premier ministre Boubou Cissé.

Dr. Boubou Cissé, Premier ministre malien, ici en juin 2016 à Bamako, lorsqu’il était ministre de l’Economie. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Dr. Boubou Cissé, Premier ministre malien, ici en juin 2016 à Bamako, lorsqu’il était ministre de l’Economie. © Sylvain Cherkaoui pour JA

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 6 mai 2019 Lecture : 4 minutes.

Depuis sa réélection contestée en aout 2018, de nombreuses voix s’élevaient pour réclamer à Ibrahim Boubacar Keïta un gouvernement d’union nationale. Seule manière, pour ses partisans, de répondre aux innombrables défis – à commencer par celui de la sécurité – auxquels le Mali fait face.

Après avoir fait la sourde oreille à ces promoteurs de l’union sacrée, le président a fini par se laisser convaincre. Pour la première fois depuis son arrivée au palais de Koulouba, en 2013, il gouvernera avec ses adversaires politiques.

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• Des ministres issus de l’opposition

Tièbilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), à Bamako en mai 2014. © Daoud B. Emmanuel/REA

Tièbilé Dramé, président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), à Bamako en mai 2014. © Daoud B. Emmanuel/REA

Ce n’est peut-être pas une « large ouverture », comme cela avait été annoncé après la nomination de Boubou Cissé, mais c’est une ouverture quand même. Trois jours après la signature d’un accord politique entre la majorité présidentielle et une partie de l’opposition, le 2 mai, plusieurs opposants ont fait leur entrée au gouvernement.

L’arrivée la plus marquante est celle de Tiébilé Dramé, le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), à la tête du prestigieux ministère des Affaires étrangères. Cette figure du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD, la principale coalition de l’opposition) et ex-directeur de campagne de Soumaïla Cissé était un des plus virulents opposants à Ibrahim Boubacar Keïta, à l’égard duquel il n’avait pas de mots assez durs.

>>> À LIRE – Mali : Tiébilé Dramé dénonce les « politiques hasardeuses » du gouvernement dans le centre

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Lui aussi membre du FSD, Oumar Hamadoun Dicko, le président du Parti pour la solidarité et le progrès (PSP), rejoint également le gouvernement au poste sensible de ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique.

Housseini Amion Guindo, dit « Poulo », hérite lui du ministère de l’Environnement. Ce quadragénaire était arrivé en cinquième position de la présidentielle de 2018, en recueillant 3,9% des voix.

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Autre figure montante de la classe politique malienne à intégrer le gouvernement : Amadou Thiam, député de l’Alliance démocratique pour la paix – Maliba (ADP-Maliba), nommé ministre des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile.

• Plusieurs nouveaux ministres

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Le général Ibrahim Dahirou Dembélé, un des officiers de la junte qui a renversé le président ATT est désormais ministre de la Défense

Outre les opposants, de nouvelles personnalités ont été choisies par IBK pour tenter de donner un nouveau souffle au pouvoir exécutif.

Michel Hamala Sidibé, jusqu’à présent directeur exécutif de l’Onusida, est nommé ministre de la Santé et des Affaires sociales. Fragilisé depuis la publication d’un rapport pointant sa gestion de cas de harcèlement sexuel au sein de l’organisation, il avait annoncé qu’il mettrait un terme à ses fonctions en juin, soit six mois avant la fin de son mandat.

De son côté, Malick Coulibaly hérite du ministère de la Justice. Un poste de Garde des Seaux qu’il a déjà occupé sous le gouvernement de transition, en 2012.

À l’époque, le général Ibrahim Dahirou Dembélé, un des officiers de la junte qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, était chef d’état-major général des armées. Cet ex-putschiste est désormais ministre de la Défense, dans un contexte sécuritaire très complexe. Poursuivi dans l’affaire de l’assassinat d’une vingtaine de Bérets rouges opposés au coup d’État de 2012, le général Dembélé avait réintégré l’armée après la levée de son contrôle judiciaire, en janvier 2018.

>>> À LIRE – Mali : le long combat judiciaire des familles de Bérets rouges assassinés en 2012

Autre poste stratégique : celui de ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, qui revient à Boubacar Alpha Bah, dit « Bill », ancien maire de la commune V de Bamako.

Témoré Tioulenta, ex-député de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la justice et la solidarité (Adema-Pasj), est lui le nouveau ministre de l’Éducation nationale. Il a la délicate mission de mettre fin aux grèves à répétition qui font planer la menace d’une année scolaire blanche.

• Des poids lourds toujours présents

Kamissa Camara, ministre malienne de l'Economie numérique et de la Prospective, le 8 novembre 2018 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

Kamissa Camara, ministre malienne de l'Economie numérique et de la Prospective, le 8 novembre 2018 à Paris. © Vincent Fournier / Jeune Afrique

Kamissa Camara, ex-ministre des Affaires étrangères et symbole de la volonté de rajeunissement du gouvernement, lui succède à Arouna Modibo Touré à l’Économie numérique

Plusieurs ministres déjà présents dans le dernier gouvernement de Soumeylou Boubeye Maïga ont conservé la confiance du président.

Le général Salif Traoré est une fois de plus maintenu au ministère de la Sécurité et de la protection civile, qu’il occupe depuis 2015. Lui aussi présent au gouvernement depuis 2015, Mohamed Ag Erlaf quitte l’Administration territoriale pour l’Industrie et le commerce. Ag Erlaf n’est pas le seul à changer de portefeuille.

Amadou Koita, ex-ministre de la Jeunesse, est nommé ministre des Maliens de l’extérieur. Il est remplacé par Arouna Modibo Touré, ex-ministre de l’Économie numérique et de la communication, qui récupère aussi le ministère des Sports.

>>> À LIRE – Dix choses à savoir sur Kamissa Camara, la nouvelle ministre malienne des Affaires étrangères

Kamissa Camara, ex-ministre des Affaires étrangères et symbole de la volonté de rajeunissement du gouvernement affichée par IBK, lui succède à l’Économie numérique. Cette trentenaire passée par les États-Unis est une des rares femmes du gouvernement : elles ne sont que neuf ministres, contre onze dans la précédente équipe. La plupart  d’entre elles ont conservé leurs postes, à l’instar de Nina Wallet Intalou à l’Artisanat et au tourisme, de Seynabou Diop Traoré aux Infrastructures et à l’équipement, ou encore de Ramatoulaye Diallo N’Diaye à la Culture.

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