Aïcha Kadhafi se marie
Même dans la vie privée, les Kadhafi n’hésitent pas à faire volte-face. En effet, s’agissant du futur mariage d’Aïcha, la fille du « Guide », la bonne société libyenne s’était fait, depuis quelques années, une raison : elle sera l’épouse de Khaled Lahmidi, fils aïné de Khoueïldi Lahmidi, compagnon de la première heure de l’artisan de la révolution du 1er septembre 1969. « Ils lui ont donné leur parole », affirme-t-on à Tripoli. L’alliance annoncée était d’autant plus « évidente » que Karima, la fille de Khoueïldi, formait déjà un couple plutôt stable avec Saadi Kadhafi, l’un des six garçons du colonel.
C’est donc avec une certaine stupéfaction que les Libyens ont appris, le 17 avril, que leur « Claudia Schiffer » nationale venait de convoler en justes noces avec un autre prétendant : le colonel Ahmed Kadhafi Ghohsi. Proche cousin du maître de Tripoli, « l’heureux élu » fait partie d’un corps d’élite de l’armée voué à la protection du régime. Le mariage a été célébré dans la discrétion. Aucun média libyen n’en a fait état, et les invités étrangers n’étaient pas légion. Seules quelques épouses de dirigeants arabes avaient tenu à partager la joie de la famille du chef de l’État libyen : Lalla Salma, la « reine » du Maroc, Suzanne Moubarak, femme du président égyptien ou Cheikha Mouza Al Misned, première dame du Qatar.
Reste que le choix des Kadhafi n’a, tout compte fait, rien d’étonnant. Donner la main de sa fille à un cousin est une vieille pratique bédouine. Certains autocrates arabes y voient – surtout lorsque le futur beau-fils est un galonné – une manière de renforcer leur pouvoir. Cette logique n’est pas sans faille. Saddam Hussein avait marié deux de ses trois filles aux frères Hussein et Saddam Kamel. Cousins directs de l’ancien maître de Bagdad et officiers de sa garde républicaine, les deux hommes avaient fini, en 1995, par faire rébellion avant de rentrer au bercail pour se faire exécuter.
Très attachée à son père, cette (très) jolie femme de 30 ans a souvent fait preuve d’indépendance et de caractère. Edmond Jouve, son directeur de thèse à l’université Paris-V-René-Descartes, n’est pas prêt d’oublier son attitude en 2003. Aïcha s’apprêtait à soutenir son doctorat en droit international quand les Américains ont envahi l’Irak : elle y a renoncé. « Je ne crois plus au droit international », a-t-elle dit à son professeur en guise d’explication. Plus tard, elle chantera la gloire de l’IRA en plein cur de Londres. Il lui est arrivé aussi de vanter le rôle des « résistants irakiens » à l’occupation américaine. Et ce au moment même où son père était en train de courber l’échine…
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