Yaoundé se résout à enterrer la Camair

Deux semaines après avoir été placée en liquidation, la compagnie nationale devait reprendre ses vols le 22 mars. Mais aucune solution n’a été trouvée pour une relance durable de l’activité.

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est l’ultime soubresaut d’une agonie qui n’en finissait plus. Le 14 mars, la Cameroon Airlines (Camair) a été placée en liquidation par le gouvernement après le non-renouvellement du mandat de Paul Ngamo Hamani, l’administrateur provisoire de la compagnie aérienne qui était aux commandes depuis le 23 février 2005. En lieu et place, deux liquidateurs seront désignés prochainement et travailleront l’un sur les questions financières, l’autre sur les aspects juridiques du dossier, « sans se marcher sur les pieds », assure Lazare Essimi Menye, le ministre camerounais des Finances et des Privatisations.

80 MILLIARDS DE F CFA DE DETTES

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Par ailleurs, une nouvelle équipe dirigeante a été mise en place le 19 mars pour assurer la reprise du trafic, suspendu depuis bientôt deux semaines, avec la mission prioritaire de relancer la desserte sur Paris, qui représente au moins 80 % de l’activité de la Camair – et donc la quasi-totalité de ses revenus. Les vols devaient reprendre le 22 mars. Toutefois, cet attelage ne devrait être que provisoire puisque l’État est toujours à la recherche d’un partenaire stratégique pour exploiter la nouvelle entité Camair Co., créée en septembre 2006 par le chef de l’État Paul Biya.
Ce changement de pavillon suffira-t-il ? C’est loin d’être sûr, si l’on en juge par les errements qui caractérisent la gestion du dossier. Nommé le 19 mars, Adolphe Sammet Bell est le sixième dirigeant de Camair en un peu plus d’une décennie. À 59 ans, il était devenu le numéro deux de la compagnie, où il travaille depuis trente ans. Alors que le gouvernement tente, lui, depuis quatre ans, de privatiser – en vain la société « Avec un mandat de six mois renouvelable, Paul Ngamo Hamani manquait de visibilité. Il n’a par ailleurs jamais obtenu les moyens nécessaires pour développer un véritable plan de relance », se désole un proche du dossier. Hamani aura malgré tout réussi à ramener le personnel de l’entreprise de 1 309 à 800 employés, abaissant ainsi la masse salariale mensuelle de 700 millions à 400 millions de F CFA. Une performance de taille, cependant insuffisante pour une compagnie qui restait en situation de sureffectif, plombée par une dette de 80 milliards de F CFA et qui ne détenait qu’un seul appareil : un Boeing 767-300, le fameux Dja, jusqu’à présent immobilisé à l’aéroport de ?Roissy-Charles-de-Gaulle.

PAS DE REPRENEUR EN VUE

Parallèlement, la recherche d’un partenaire stratégique semble s’être enlisée. Depuis le lancement d’un deuxième appel d’offres, en juin 2007, plus rien n’a bougé, en partie sans doute parce que l’État camerounais ne semble pas vraiment savoir où il veut aller, après avoir annulé l’adjudication provisoire attribuée, en juin 2006, à un consortium constitué de la compagnie belge Brussels Airlines et d’une société de capital-risque camerounaise (Cenainvest). « Il n’est pas nécessaire de passer par une privatisation. La compagnie Camair Co. peut conserver son statut public, pourvu que le repreneur privé ait une totale liberté de gestion dans le respect d’un cahier des charges fixé par l’État, explique aujourd’hui un expert qui a travaillé sur le dossier. Si toutes ces conditions sont réunies, il est possible de convaincre des investisseurs. » En attendant, l’américain United Airlines, un temps annoncé comme intéressé, ne s’est toujours pas officiellement manifesté

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