On l’appelait « l’Oriental »

Publié le 25 mars 2008 Lecture : 1 minute.

Le dandy de la Casbah s’en est allé. Le 6 mars, Lili (Élie pour l’état civil) Boniche, dernière grande star de la musique « francarabe », est mort à Cannes, dans le sud de la France.
Il était né en 1921 dans la Casbah d’Alger, quand juifs et musulmans y partageaient encore les mêmes joies et la même misère, d’un père bijoutier et mélomane. À 10 ans, il plaque famille et école pour suivre, à Oran, Saoud Medioni, un maître du haouzi, genre musical apparenté à la musique andalouse. Dans la grande métropole de l’Ouest, il côtoie Reinette Daoud, la diva des noubas. À 15 ans, après une audition à Radio Alger, il décroche le droit de produire une émission hebdomadaire, en direct. Un jour par semaine, la valse musette laisse donc place sur les ondes à un nouveau genre : la rumba algéroise, subtil mélange de chaabi, de tango et de flamenco, de salsa et de bossa nova. Le oud convole avec l’accordéon, le piano avec le mandol. Le succès populaire est phénoménal. Lili Boniche séduit indifféremment juifs, arabes et pieds-noirs.
À la fin des années 1940, il passe en vedette américaine au Soleil d’Algérie, un cabaret de Montmartre très en vogue. Sa groupie la plus célèbre ? François Mitterrand, alors jeune député. Pour l’amour d’une aristocrate parisienne, il abandonne bientôt sa carrière d’artiste. Et puis, l’éveil du nationalisme algérien va le priver à jamais de son pays natal Nul mieux que lui n’a pourtant chanté l’amour de l’Algérie, ses médinas et ses cafés maures
Après l’indépendance, il est quand même souvent retourné à Alger. Peu avant sa mort, il évoquait encore ce quartier de Bab el-Oued qui fut le théâtre de ses « 400 coups ». « Aujourd’hui, disait-il, on évoque surtout Alger pour ses hittistes [ceux qui tiennent les murs, NDLR]. Pour ma part, je préfère parler de hatta [élégance]. »

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